Il est un rite de rentrée que j'apprécie et dont je ne me lasse pas d'observer les manifestations. Tous les ans début septembre il signale la fin de l'été comme le lancer de pingouins indique l'hiver. C'est, vous l'aurez deviné, le bizutage des grandes et moyennes écoles.
Instauré jadis pour permettre une bonne intégration des nouveaux élèves dans des établissements renommés, par capillarité ce rite initiatique s'est aussi développé dans des écoles moins prestigieuses mais pas moins prétentieuses.
La première "école de commerce" autoproclamée venue a désormais ses bizutages qui lui confèrent une sorte d'onction professionnelle quand bien même ses diplômés seraient condamnés d'office au Pôle Emploi.
Il y a eu tellement de débordements qu'on assiste désormais à des clowneries dans lesquelles sont interdites les violences et les humiliations. Ce ne fut pas toujours le cas.
Les grandes épreuves classiques restent très focalisées sur l'ingestion de produits non conçus pour cet usage et la souillure corporelle par une gamme variée de liquides et nourritures repoussantes. Plâtre, purée, Coca-Cola bananes écrasées se taillent la part du lion mais sont concurrencées par des défis idiots: embrasser les chaussures de la promo, faire le tour (ou plonger) du bassin du jardin public, courir en imitant des animaux disgracieux (et en imitant leur cri) et, indémodable, être vêtu sans élégance mais avec une indéniable recherche.
Sac-poubelle ou fringues hideuses, chapeaux ridicules et chaussures éculées sont fortement conseillées.
Tout ceci est désormais "bon-enfant" et nul ne trouve à y redire d'autant plus que les étudiants et étudiantes sont jeunes et beaux, joyeux et épris de la vie, confiants dans l'avenir et pleins d'espoirs ce que les observateurs sont aussi, mais, reconnaissons-le, dans une moindre mesure.