Au marché de Auch, la semaine dernière, j'ai regardé l'étalage d'un bouquiniste et ai été étonné par la quantité de livres proposés qui racontaient la vie de criminels.
Livres, revues, DVD et même jeux électroniques se proposaient de mieux faire connaître qui un Landru qui un Mesrine ou un Hannibal Lecteur.
Pour être sujet d'une biographie un meurtrier n'a pas besoin d'avoir vraiment existé...
Je me souviens vaguement de Mesrine: c'était un type grossier, vulgaire, haineux et brutal. On en a fait un héros présentable ce qui ne manque pas de me surprendre.
Même chose pour ce jeune italien impitoyable ou ce mythomane Français qui a défrayé la chronique quand il a plumé une cinéaste féministe et "de gôche"...
Lorsque j'étais enfant les livres sur les personnages édifiants (St Louis, St Exupery, Charles de Foucaud, le Dr Schweitzer, Jeanne d'Arc* et Jean Moulin entre autres) m'ennuyaient profondément.
Il ne faut pas le nier: les belles âmes et l'exemplarité sont vite ennuyeuses tandis que les parcours heurtés et les personnalités déjantées font rêver.
A l'école on admire secrètement celui qui rue dans les brancards plutôt que celui qui fayotte au premier rang et lève le doigt pour être interrogé (cf Lucignolo et Pinocchio dans "les aventures de Pinocchio" immense film de Luigi Comencini).
De même, au travail, celui qui triche, qui raconte des bobards et obtient ce qu'il veut par des chemins peu recommandables s'attire l'admiration des autres et est recherché par les femmes plus que l'impeccable salarié.
Et c'est valable pour tout: je n'ai jamais supporté les Résistants flamboyants, les héros estampillés et les Saints laïques et leurs édifiantes histoires à laquelle j'ai du mal à croire tant je connais bien, à ce stade de ma vie, les ressorts qui meuvent les hommes.
Je suis au désespoir de le dire et l'écrire: c'est rarement l'altruisme et la volonté d'être quelqu'un de bien!
Mais de là à publier des livres, tourner des films et mettre sur un socle doré des voleurs et des escrocs il y a parfois comme un sentiment de gêne.
* sauf sa mise à feu qui réjouissait le pyromane que je suis!!!