En bas, en face un grand terrain récemment apparu suite à la démolition du "GRETA" et sur lequel commence tout doucement la construction d'une "résidence de rêve" Bouygues, une de ces cages à poules au tarif exorbitant et au confort standardisé.
Rien qu'en en voyant la photo prospective on sait ses prochains habitants et on imagine leurs 4X4 et leurs chiens de race...
Le chantier est verrouillé mais les maniaques du tag ont badigeonné de leurs vilaines signatures chaque mètre carré qu'ils pouvaient atteindre. Brudr et Saki en ont d'ailleurs profité pour maculer de leur vilaine marque la totalité du quartier.
Brudr et Saki (et leurs semblables) ne revendiquent rien d'autre que de laisser une vilaine trace, un peu comme les chiens qui urinent sur chaque poteau.
La différence entre la signature des deux réside dans la forme de pollution qu'ils laissent, visuelle pour l'humain odorante pour l'animal.
Nul ne se sent concerné pour effacer les tags qui en appellent immédiatement d'autres et qui finissent par paupériser l'ensemble des lieux où ils se trouvent.
C'est laid, c'est gênant et c'est con. Quelle mode consternante!
Sur le chantier disais-je, avant cette digression, les fondations de l'immeuble sont esquissées et sa superficie au sol commence à apparaître.
Cette nuit de doux rêveurs ou des indignés respectueux (ils se contentent de revendiquer) ont à leur tour taggé les palissades du chantier:
"Nik Bouygues & l'oligarchie", "La ville est au peuple", le peuple c'est vous" et le magnifique "on aurait référé un jardin partagé" ont recouvert les signatures de Brudr et Saki. Des fleurs orange, au pochoir, ont été dessinées sur le trottoir devant l'entrée du chantier.
Moi, ce qui m'a mis en joie c'est ce "on aurait préféré un jardin" qui dénote une part d'irréalisme et un regret exprimé, même s'il est infantile.
C'est vrai! au lieu de cet immeuble standard il eût été tellement préférable d'instaurer un jardin...