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14 juin 2016 2 14 /06 /juin /2016 06:13

J'ai lu le "dossier" complet du magazine "Causeur" consacré à Alain Juppé et en suis ressorti plus que perplexe. La pré-campagne présidentielle du maire de Bordeaux est analysée en détail et sa carrière passée revue de fond en comble.
On se souvient que le normalien-énarque a placé sa carrière dans les roues de celle de Jacques Chirac dont le qualificatif pour désigner Juppé l'a poursuivi, plutôt négativement, pendant des années: "le meilleur d'entre nous".
Il faut se rappeler qu'en politique un compliment n'est qu'une vacherie déguisée: en l'occurrence elle signifiait aux autres prétendants (Sarkozy mais surtout Séguin) qu'ils n'étaient pas adoubés.

L'enquête, fouillée et incontestable rend justice de formules toutes faites destinées à exonérer Juppé de ses fautes passées: par exemple il n'a pas "payé pour un autre" en étant condamné pour abus de bien sociaux et l'article qui est consacré à ses "déboires" judiciaires montre bien ses 2 fautes condamnées: avoir confondu ses intérêts et ceux du parti qu'il dirigeait et avoir pris les magistrats de haut.
Alain Juppé, on s'en souvient tous, a non seulement été "droit dans ses bottes" lorsqu'on lui a fait remarquer qu'habiter -son fils également- dans un logement de la Ville de Paris en payant un loyer très sous-estimé était une faute et une malhonnêteté mais il n'a jamais compris qu'on le lui reproche. Même chose pour la campagne de publicité gratuite sur les panneaux Decaux de son livre "la tentation de Venise" le mélange des genres ne lui a pas traversé l'esprit (Decaux était un financement du RPR et un fournisseur majeur de la municipalité parisienne..)
C'est aussi ce premier ministre impopulaire et sourd aux grondements du pays qui a précipité la dissolution de 1997 qui était un suicide de son camp. A l'époque on a parlé d'autisme politique.

Sa personnalité enfin, cassante, méprisante parfois, élitiste toujours ne s'est pas, comme ça à 70 ans, transformée en jovialité bienveillante. La communication et la tactique politique y sont pour beaucoup dans l'amélioration de son image publique. Le dossier de "Causeur" montre qu'en réalité Juppé est resté le même tout en arrondissant ses propos dès lors qu'il se sait filmé.

En fait, et le dossier du magazine le démontre cruellement, Juppé est, par défaut, le candidat des élites journalistiques et culturelles. L'anti-Sarkozy, ce dernier étant trop vulgaire, trop imprévisible et trop clivant. Faute de merle (Fillon est triste, Le Maire est un peu vert) les faiseurs d'opinion ont élu leur champion en ce (faux) provincial poli et bien éduqué. Et tout ce petit monde replet se rassure en se disant que Juppé ne fera qu'un quinquennat.

"Causeur" rappelle qu'à 10 mois du scrutin (et en imaginant que Juppé se sorte des pièges et chausse-trappes de la Primaire à la sauce Sarkozy....) le "favori" d'une élection est rarement celui à qui on présente le grand collier de la légion d'honneur devant les corps constitués au printemps suivant. Jacques Chaban-Delmas (1974), Giscard (1981), Delors (1995), Balladur (1995), DSK (2012) sont là pour le rappeler.

Alain Juppé, c'est certain, possède une personnalité plus solide que l'ex-président de droite de 2007 à 2012. Il possède une colonne vertébrale politique, connaît la marche de l'Etat et ne représenterait pas indignement le pays à l'extérieur. C'est beaucoup.. et c'est peu pour susciter une adhésion massive.

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