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22 mars 2017 3 22 /03 /mars /2017 07:00

Le "café-théâtre", invention des jeunes années 70, a connu ses heures de gloire avec la troupe du "Splendid", avec Coluche et quelques autres. C'était un joyeux bordel et, il faut bien le dire, un lieu où régnait l'improvisation et l'amateurisme.

Des comédien(ne)s qui y ont débuté ont maintenant leur villa dans le Luberon, leur mas provençal ou leur villa en Corse et sont reçus comme des stars par Hanouna ou Arthur. (c'est dire s'ils ont réussi!).

Le "comique" a beaucoup évolué mais il y a toujours une place pour ces spectacles et des salles approximatives pour les recevoir.

L'ambiance y est bon enfant, le rire téléguidé et souvent assez basique mais c'est une atmosphère dans laquelle il est bon de se plonger de temps à autres.

Certaine de nos amies nous avait recommandé la "pièce" de Laurent Baffie "Les bonobos" et nous sommes allés la voir aux "3T", la salle de Toulouse qui programme ce genre de spectacles.

Le public y est mélangé, jeunes et moins jeunes, branchés et has-been, chics et ploucs... une salle gaie et sympa venue en confiance rire et passer un bon moment.

La salle comprend une rangée de sièges aux noms de célébrités (Stan Laurel côtoie Dany Boon....) et une rangée de chaises avec petites tables. Sur ces dernières on sert des boissons, du pain à l'ancienne et du fromage du même tonneau.

Avant de décrire ce que j'ai vu et entendu sur la scène je voudrais préciser, au cas où certain l'ignoreraient, qui est Laurent Baffie. C'est un homme d'une cinquantaine d'année dont le métier est de "sortir des vannes". Entendez par là qu'il est connu pour sa répartie et une certaine forme de méchanceté drôle et qu'il est invité pour la mettre en pratique. Sur les plateaux de télévision ou de radio on attend de lui une sorte de ponctuation amusante et mordante qui mettra en valeur l'émission, l'invité et l'animateur. Un ingrédient typique de notre époque. Il s'acquitte d'ailleurs assez bien de sa tâche qui l'a rendu célèbre et lui a permis de faire un film comme metteur en scène (un des bides les plus retentissants de ces dernières années) et d'écrire quelques "livres" qui se sont vendus car il y a un public pour ça..

Donc "les bonobos" dans la version toulousaine de Gérard Pinter vue hier est signée de cet immense talent de plume. Le sujet en est le sexe et le besoin de sexe des hommes en général et de 3 crétins en particulier. Ces 3 pauvres types se trouvent être un sourd (pardon, un mal-entendant), un aveugle (pardon, un non-voyant) et un muet (il n'y a pas d'euphémisme pour lui). Voilà pour le titre. Singes de la sagesse.

Le moins voyant des trois invente un stratagème pour que lui et ses amis de trente ans puissent "baiser des filles gratuitement et ne plus aller aux putes". Sic. On sent que l'on n'est ni chez Claudel ni chez Becket. Pas plus chez Feydeau d'ailleurs. Mais pourquoi pas?

Il crée un site de rencontre, organise un speed-dating et ils reçoivent, chacun leur tour, 3 filles qui ne découvrent leur infirmité qu'en toute fin de la pièce (on voit par là qu'elles sont limitées mais pas de mauvais esprit, c'est Baffie, on se marre.). Il y a une vendeuse de chaussures consternante de bêtise, une femme policier caricaturale et un canon à la personnalité improbable.

Les 3 types, obsédés absolus faisant des gestes obscènes avec une régularité de métronome disposent des filles qu'ils dupent facilement car ils sont des mecs qui en ont.

Tout se passe au niveau des parties génitales (quoi que l'anus et les fouilles anales aient une certaine importance dans le texte et les gestes) et j'ai eu parfois en tête le "pipi-caca-prout" des enfants de maternelle en surimpression. (on a d'ailleurs droit au comédien en string, un préservatif enfilé sur la tête, gag dont le génie comique m'a échappé mais pas à la salle).

Si le dialogue est accablant il y a des moments drôles et mêmes des moments de grande comédie. J'ai beaucoup ri aux scènes du dispositif des phrases enregistrées qu'utilise le muet. C'est un gag qui marche toujours (cf le discours de Michel Serrault dans "La gueule de l'autre"). Le gag de la télévision qu'utilise le sourd pour qu'on lui dise comment agir pourrait être du même niveau si le comédien filmé par la caméra n'en profitait pour cabotiner vulgairement. Très vulgairement.

Ca s'éternise un peu, c'est peu crédible, macho et régressif mais la salle se tordait de rire et les deux heures ont passé plus vite que chez le dentiste.

Les théâtres parisiens programment du Baffie ou du Ruquier. Ce sont nos Giraudoux et Ionesco d'aujourd'hui!

 

 

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