J'ai une sainte horreur de la charité médiatique et tiens pour une abomination les spectacles caritatifs du "Téléthon" ou des "enfoirés". Je ne supporte pas la bonne humeur obligée d'animateurs au Q.I d'huître, la présence obligée de locomotives du show-business (J.J.Goldman) ou celle, prétexte, de malades quand ce n'est pas de gloires télévisuelles (Mimie Mathy). Cette générosité surjouée couplée à des bons sentiments exhibés a le don de me donner des hauts le coeur.
Rien ne m'exaspère plus que ces appels à la générosité annuels ni que ces appels au portefeuille le soient par des personnes qui me sont -à priori- suspectes.
Avec tout ce que je paie d'impôts, de taxes, d'amendes et autres j'estime que c'est à l'état de distribuer des subsides à la recherche contre la myopathie, pas à Nagui de venir faire la retape jusque dans mon salon. Voir beugler les gloires de la scène du moment -que je ne connais ni ne veux connaître-, les Shy'm et autre Maître Gims, pour donner une choucroute en boîte à une famille nécessiteuse le tout sous une hideuse photo de Saint-Coluche, très peu pour moi.
Dernièrement je suis tombé sur le "Sidaction". Pire que les deux cités plus haut. Des "artistes" autoproclamés qui venaient me faire les poches en arguant que c'était "leur raison d'être". Artistes calamiteux qui massacraient des standards (un crémier-zingueur qui massacrait Brel, entre autres) en entourant la momie de Line Renaud d'un linceul de sucre, cette dernière remerciant jusqu'à la lune d'éclairer le soir et Jean-Paul Gaultier d'être l'imposteur étalon (étalon de l'imposture, qu'allez-vous penser!) Line Renaud en meneuse de revue de 90 ans. Spectacle hallucinant que cette quête médiatique où les applaudissements le disputent aux hyper-compliments dans un monde comme le dénonçait déjà Jean Yanne ("tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil"). Variétés nulles, bons sentiments frelatés, joie artificielle, grande cause plus très grande ni très cause, vieux refrains chantés par des vieux-jeunes....
Quelques minutes d'effarement devant un "spectacle" qui dit l'époque et balise peut-être la descente aux enfers non achevée. A glacer les sangs.