Après Annie Girardot et Jean Rochefort, après Philippe Noiret et tant d'autres de cette génération Jean-Pierre Marielle est mort. Le 24 avril 2019.
Je l'ai appris par le site du "Point" en ligne et n'ai (presque) pas été surpris que l'un de ses premiers films cités est "Tous les matins du monde", d'Alain Corneau, l'un de ses films les plus ennuyeux.
Il y a toujours un moment, dans la carrière d'un comédien qui s'est beaucoup illustré dans la comédie, où le monde du cinéma lui propose un rôle chiant dans un film chiant. Un film qui suscitera les bravos énamourés de la critique difficile sur l'air de "on vous le disait bien".
Sans aucun jugement de valeur le film qui a le plus fait pour Marielle est sans conteste "Les galettes de Pont-Aven", pas vraiment le genre de beauté du "Masque et la plume" ou de "Télérama". Pas le mien non plus d'ailleurs.
Jean-Pierre Marielle, c'est une banalité de le penser et de l'écrire était justement cet acteur qui était capable de jouer dans "Tous les matins du monde" et "les galettes de Pont-Aven". Avec, quand même, une spécialisation pour les grands cons d'anthologie. De l'expert-comptable, pardon, "l'expert en comptabilité" de "Signes extérieurs de richesse" (Jacques Monnet, 1983) au touriste à perruque du "Diable par la queue" (Philippe de Broca? 1969) en passant par l'excellent "Coup de torchon" (Bertrand Tavernier, 1981). Un acteur très Français, presque emblématique. Je tiens son rôle de VRP chef de "L'Entourloupe" (Gérard Pirès, 1980) comme sa meilleure composition. Un sommet.
Même si le film est raté et que les trois comédiens en font dix fois trop, Marielle particulièrement, le film de Patrice Leconte "Les Grands Ducs" (1996) était le chant du cygne d'une certaine façon de jouer, d'une certaine façon d'être. Avec Rochefort et Noiret Marielle singeaient en la caricaturant une époque qu'ils avaient connue.
Ces hommages, "à chaud", restent étrangement loin de l'image que garde la postérité. Je doute cependant que l'insignifiante et, j'ose l'écrire, emmerdante histoire de viole de gambe des "Matins du monde" restera le film qu'on citera pour parler de Jean-Pierre Marielle.