Catherine m'a donné, en disant pourquoi elle l'avait appréciée, envie de regarder la série Netflix "Le jeu de la Dame" ("The Queen's gambit"). Il s'agit d'une adaptation du roman de Walter Tevis (1983) dont je n'avais jamais entendu parler auparavant.
C'est ce que le jargon télévisuel appelle une mini-série. Il y a, pour le moment, 7 épisodes d'un peu moins d'une heure à regarder. Sur que le succès appellera une suite..
La série est particulièrement réussie sur le plan formel: images magnifiques, reconstitution des années 60 parfaite, musique agréable (souvent Erik Satie) et comédien(ne)s irréprochables. La jeune héroïne particulièrement qui joint un physique original et un jeu élégant et discret.
Réussir à intéresser avec une orpheline adoptée, avec des représentants de la classe moyenne américaine, mais surtout avec le jeu d'échec était une gageure. Le pari est gagné. Jusqu'à son décès surprise, la mère adoptive de Beth est un personnage attendrissant et les rapports qu'elles ont ensemble plaisants.
Comme beaucoup je n'ai pas réussi, personnellement, à jouer aux échecs qui m'ont toujours semblés compliqués et, oserais-je le dire, ennuyeux. La série, au contraire, les démystifie en en soulignant certes l'intelligence mais aussi le plaisir du jeu, les cérémoniaux exclusifs, la beauté des pions et de la tactique, les réflexions et les attitudes qu'ils suscitent chez les joueurs.
Je suis au milieu du gué et ne sais ni où ni comment le scénario nous mène mais suis envoûté par l'éclairage, la couleur, les intérieurs, la vie quotidienne américaine des sixties sont rendus. Plus qu'une restitution je parlerais même de re-création. L'actrice principale, on le sent, nous mène quelque part mais on ne sait, à ce stade, où. J'aurais garde d'oublier les voitures rutilantes, les fringues vintage et, évidemment, les musiques des 6O's (Ah, "Venus" par les Shocking Blues!)
Je me demande s'il est possible de "jouer dans sa tête" comme le fait Beth Harmon (Anya Taylor-Joy), la "vedette" de la série. Je m'interroge aussi sur la possibilité, pour une "autodidacte des échecs" de 13 ans de battre des joueurs chevronnés dans des tournois pour lesquels ils se sont largement entraînés.
Comme ça, en spectateur, les parties semblent étonnamment rapides, se terminent en "échec et mat" très (trop?) souvent et paraissent ne demander ni concentration, ni audaces... On est comme fascinés par le chronomètre spécifique du jeu qui fonctionne à une vitesse sidérante. Loin, en tous cas de la légende de ce jeu d'esprit et des quelques championnats mondiaux de l'époque de la suprématie soviétique qu'on voyait comme des abstractions d'un monde inconnu. Pour "pimenter" la série l'héroïne est accro à l'alcool et aux amphétamines, elle n'est pas d'un tempérament sensuel (ses partenaires non plus qui parlent de stratégie de jeu en pleine action sexuelle!) et a du mal à nouer des contacts humains hors sa passion.
Telle qu'elle je vous recommande ce "jeu de la Dame" qui vous fera oublier, quelques instants, Zemmour, la Cop 26, la COVID 19 et Kylian Mbappé.