Je tiens l'écrivain, historien, journaliste et surtout le passionné de cinéma Michel Ciment pour un homme intéressant, cultivé, ouvert et objectif. J'aurais pu inclure beaucoup d'autres adjectifs à cette phrase d'introduction mais je la trouve déjà suffisamment laudative.
D'autant plus que je veux faire des reproches au pilier du "Masque et la Plume", des "Cahiers du Cinéma", de "Positif" et de tant d'autres supports où l'on dissèque un cinéma artistique, ambitieux et intelligent. En effet j'ai lu -en diagonale parce que le livre est trop pointu et s'adresse à un public presque captif- les entretiens avec N.T.Binh "Le cinéma en partage" parus en 2014 chez l'éditeur Rivages.
Je serais hypocrite si je taisais que j'ai pris ce livre pour y trouver du nouveau sur Stanley Kubrick, vieille passion/obsession chez moi que le temps ne parvient pas à éroder.
J'y ai -en partie- trouvé ce que je cherchais et plus encore. Ce qu'il dit de Francesco Rosi, de Joseph Losey et de Elia Kazan est très intéressant et donne envie de creuser le sujet. Il parle aussi, peu mais bien, de metteurs en scène qui m'intéressent tels John Boorman, Jerry Schatzberg, Théo Angelopolous et quelques autres. Il dit (et le contraire m'eut étonné) du bien de Joseph Mankiewicz et de Wilder mais passe trop rapidement sur ces prodigieux cinéastes.
J'ai moins apprécié le (trop) long développement sur les festivals et les remises de prix. Ces remises de trophées m'ennuient au plus haut point. Napoléon avait parfaitement résumé la chose en créant la légion d'honneur: "c'est avec des hochets qu'on mène les hommes". Rien -à mes yeux- de plus barbant et de plus inutile que les Oscar et leur innombrable déclinaison.
En fait je reprocherai à ce livre et aux personnes qui y sont décrites leur élitisme et leur prétention . L'un ne va pas sans l'autre.
Malheur à qui n'aimera pas inconditionnellement ce qu'une certaine critique porte systématiquement aux nues. Des Godard et autres ont vécu plus de 60 ans sur un malentendu! Les ratiocinations sur "La nouvelle vague" ne me font même pas sourire. Elle s'est achevée dans la farce.
Heureusement le livre contient des passages éclairants et passionnants sur ce qu'est une interview, une critique, un article de presse par rapport à un passage radio etc.
Enfin, et je lui en suis reconnaissant, Michel Ciment parle bien d'un confrère (et concurrent!), Philippe Fraisse dont j'ai commandé le livre cité.
J'adore la chute du livre que je reproduis intégralement: "Michel Ciment, quel spectateur êtes-vous? Le cinéma disparaît, quelle serait la dernière image? Le champignon atomique et la chanson de Vera Lynn "We shall meet again on a sunny day", à la fin du "Docteur Folamour". La première utilisation géniale par Kubrick du contraste entre la musique et l'image qui allait marquer tout son cinéma".