J'ai le souvenir prégnant d'une soirée très pénible à Paris, il y a plus de vingt ans
de celà et qui a failli se terminer en bataille rangée à Belleville, quartier populaire
de Paris qui n'était qu'aux prémisses de sa boboïsation.
Nous étions allés, une dizaine d'amis et moi, dîner dans un restaurant chinois
"branché" de l'époque, une de ces usines à gogos où la nourriture rachète
beaucoup le décor, le service et un peu l'addition.
c'était un "Chinois" qui ne payait pas de mine, où de grandes tables aux plateaux
circulaires concentriques permettaient à chacun de se servir abondemment.
Nous étions, je dois à la vérité de le reconnaître, des petits bourges avec tous les
signes de la bourgitude: les filles étaient belles et bien habillées, les mecs étaient
friqués et nous venions sans conteste des "beaux quartiers".
Nous n'étions pas provoquants mais nos origines pouvaient l'être.
A un moment un groupe de personnes, métissées, colorées et très "potes" est
venu s'asseoir sur une table derrière la nôtre.
Les filles étaient très belles aussi et entouraient avec passion et gloussement
d'aise leur seigneur et maître, Harlem Désir, à l'époque tout puissant prince
médiatique et président (via le PS et Julien Dray) de "SOS racisme".
L'antagonisme entre nos deux tables, entre les garçons comme les filles électrisa
très rapidement l'atmosphère.
Le Pacha à la petite main, au lieu de calmer les ardeurs belliqueuses de sa table
les flatta et les entretint avec un cynisme que je n'ai jamais oublié.
Sa table parlait fort, les agressions verbales étaient des missiles sol-sol et il était
clair que les nems et les gnons allaient voler sous peu.
A notre table nous avions compris que nous serions, même et surtout si nous avions
le dessus, les méchants de l'histoire.
Harlem, l'idole des médias, rossé par des minets, "SOS racisme" agressé par des
bourges... nous devinions déjà les titres des journaux.
Harlem aussi qui poussait sa table à surenchérir pour déclencher enfin la bagarre
qu'il appelait de ses voeux et attendait aussi.
J'ai encore dans l'oreille les réflexions salaces et vulgaires de l'idole concernant
certaines des filles de ma table. Quand je vois l'hypocrite policé qui dirige le PS
aujourd'hui j'ai du mal à croire qu'il s'agit du même. Mais plus de 20 ans ont passé...
La bataille n'eut pas lieu puisque nous partîmes (sous les insultes et les quolibets)
sans prendre le dessert (la spécialité de la maison qui nous l'avait fait choisir!!!).
Depuis, quand je vois Jean-Philippe Désir, euh Harlem Désir je veux bien croire qu'il
a changé et qu'il est devenu moins pénible. mais moi je n'ai pas oublié sa
condamnation pour emploi fictif (1990) ni que Mitterrand a effacé d'un trait de plume
pour 80000€ de contraventions personnelles du "pote" qui n'est toujours pas le mien.
L'ambition et la tactique ont du mérite qui l'ont transformé en prêtre laïque prêchant la
concorde.