Je n'y avais pas pensé. Mais Marine, en voyant le livre que je lis m'a demandé
s'il me rafraîchissait.
Il s'agit du livre "Dans les forêts de Sibérie" écrit par Sylvain Tesson et publié
en poche par Folio.
Je ne sais pas s'il me rafraîchit mais il est passionnant comme tous les livres
qui parlent d'une personne isolée du monde (volontairement ou pas) et qui
livre à la plume et au papier ses sentiments, ses impressions, ses pensées
et son humanité.
Dimanche le contraste entre le passage que je lisais (comment Tesson crée
des appâts pour la pêche, creuse la glace et attrape péniblement deux ou trois
ombles) tandis que j'étais dans un jardin, au soleil de juillet et qu'il devait faire
plus de 34°C était singulier...
J'ai dit la passion que j'avais, enfant pour le Robinson Crusoé de Defoe, tout
l'intérêt que j'ai eu à lire "Sa majesté des mouches" de William Golding, celle
que j'ai ressentie à la lecture des naufragés du Batavia (en particulier par la
façon dont l'a racontée Simon Leys) et, en général, pour les histoires d'hommes
qui décident ou sont contraints de quitter la civilisation.
Là, bien sur, c'est un retrait volontaire et limité dans le temps. Tesson sait qu'il
la retrouvera même s'il ne l'aime guère et en décrit bien les fausses promesses
et les vraies aliénations.(mais aussi les bienfaits, car il y en a. Si!)
J'avais tout cela en tête en me rendant au rendez-vous de déjeuner avec Marine
ce midi. Si la "Scalopina Milanese" m'a montré le bon côté de notre civilisation
le téléphone portable que plus d'une personne sur trois consultait ou utilisait
m'a donné envie aussi de me faire ermite dans une cabane de 4m² par moins
35° avec des mésanges et des visons comme seuls voisins.
Sylvain Tesson a de l'affection pour les Russes et plus particulièrement pour les
"sauvages" qui vivent en Sibérie. Il les décrit comme des êtres (très) frustes mais
aimant le contact humain.
J'ai souligné ces deux phrases, bien dans le ton du bouquin, et qui m'ont plu:
"Ils ont des gueules à dépecer le Tchétchène et ils partagent délicatement leur
biscotte avec la mésange" et "Moins on parle et plus on vivra vieux dit Youri. Je
ne sais pas pourquoi mais je pense à Jean-François Copé. Lui dire qu'il est en
danger."
Ou comment être loin de tout et conserver à l'esprit notre insondable capacité à
nous gâcher la vie avec le néant...