Incroyable ce que notre pays profond peut-être réactionnaire et attaché à des rites vieillots.
Lundi soir la cinémathèque de Toulouse diffusait dans une salle de prestige un film qu'elle
a restauré et qui date de 1928.
C'est un film qui reconstitue la bataille de Verdun il est signé Léon Poirier.
Sa présentation était censée ouvrir les commémorations du centenaire de la guerre de
1914-1918.
Le film était prévu avec un accompagnement de piano suivant la partition originale.
A l'heure dite la salle s'est à moitié remplie et cinq fauteuils Louis XVI rouge velours ont été
disposés autour d'un pupitre transparent.
A vingt heures tapantes les cinq messieurs "importants" de Toulouse et de la soirée sont
apparus sur la scène. Inutile de dire qu'on ne les attendait pas.
Le maire a fait un discours qu'a répété Martin Malvy qu'a complété le président de la
Cinémathèque et qu'a synthétisé Kader Arif, le ministre des anciens combattants.
Un catalogue de poncifs, de phrases creuses et de langue de bois.
"on" se gargarise de République, d'Egalité et de Liberté mais on se conduit comme des
potentats locaux. Cherchez l'erreur!
Les cinq barbons n'avaient que le "sacrifice" des poilus à la bouche. On leur avait laissé
le choix aux poilus? les "déserteurs", si je ne m'abuse, étaient promis au peloton* et la
mort au "champ d'honneur" ne se négociait pas... C'était sans doute les prédécesseurs
de la brochette en question qui y veillaient. Et de manière pointilleuse.
Ces quatre édiles, tous de la même couleur politique et présents sur la scène régionale depuis
la fin du règne de Charles X se sont auto-congratulés, félicités, complimentés et remerciés
devant un public impassible et sous les flashs des photographes de la presse régionale.
Ca y allait les gros plans des élus. De quoi enrichir leurs "books", assurément.
Rien de plus grotesque que ces "vivas" au conseil régional ou au conseil général pour telle
ou telle réalisation. Après tout il s'agit surtout de l'utilisation de l'argent de nos impôts,
régionaux ou nationaux!
L'indécence de cet élitisme (eux en haut, nous en bas), ces discours d'une ringardise presque
comique (on aurait dit un sketch), cette suffisance et ce protocole moisi... tout cela était si
"IVème République" que je n'ai pas attendu le film pour m'en aller, manquant ainsi le discours du
cinquième.
Ce "Clochemerle" grandeur nature était par trop écoeurant.
Confite en respect la salle applaudissait les discours pompeux et l'autocomplaisance des
intervenants.
La pluie, dehors, m'a remis les idées en place.Tout cela n'a finalement aucune importance.
*Qu'on relise "le pantalon" d'Alain Scoff si on veut se faire une idée de l'humanité de cette
époque.