Samedi 6 ou dimanche 7 sur France Culture, Romain Duris a longuement (et magnifiquement) parlé du film "Persécution" et de son metteur en scène Patrice Chéreau.
Il en a dit tant de bien (et j'en pensais tant de mal) que j'ai voulu voir, séance tenante, "Persécution". Chose faite.
J'étais un peu surpris que Duris ne tarisse pas d'éloges sur Chéreau et le tournage parce que je n'ai jamais rien compris au cinéma de Patrice Chéreau. A l'exception de "Intimité" qui m'a remué et de "son frère" qui a fait de même.
Je ne suis pas sensible du tout à l'hystérie tant physique que morale et le jeu que ce fameux metteur en scène de théâtre et d'opéras imposait à ses comédiens me semble outré et ridicule. Dans "Persécution" Romain Duris est laid, triste et mauvais. On n'a aucune envie de le suivre et on ne le comprend pas. Charlotte Gainsbourg est diaphane, ennuyeuse et jamais à son avantage. Jean-Hugues Anglade est courageux de se "fader" son personnage.
Il n'y a pas de scénario, les dialogues sont en Français mais restent incompréhensibles. Eut-il été tourné en Hongrois que la compréhension du film n'en serait pas modifiée!
Comme souvent chez Chéreau les décors sont hideux, les costumes atroces, la lumière sinistre et la ville angoissante. Même la nudité est laide. Car Chéreau voulait de la nudité et des rapprochements de corps sans artifices. ("Intimité" est impitoyable à ce sujet).
De "l'Homme blessé" (à mes yeux de l'anti-cinéma) à "La reine Margot" en passant par "Judith Terpauve" et "ceux qui m'aiment prendront le train" je ne trouve rien de plaisant à ce cinéma. Rien qui me touche. Au contraire. Je dirais qu'on se sent "sale" à l'issue de la projection des films de Chéreau. Un autre metteur en scène me faisait cette impression: Rainer-Werner Fassbinder.
Chéreau est une référence intellectuelle et les amoureux de la scène le révèrent. C'était certainement un homme cultivé et d'une grande intelligence. Quel dommage qu'il se soit entiché du grand écran et qu'il ait galvaudé son talent dans des films certes "exigeants" mais si ennuyeux, si dérangés. Disant cela je sais que je suis scandaleux parce que Chéreau était un homme exigeant et brillant, à des années lumières de la médiocrité hexagonale. Je crois juste que son oeuvre ne s'adressait pas à tout le monde et qu'il en est de même de son cinéma.
J'ai aimé, lors de l'interview de Duris, que le comédien et une autre personne invitée disent que Patrice Chéreau leur manque tous les jours et qu'ils aient pour lui une pensée à cette fréquence.
Susciter une telle passion n'est pas à la portée de tout le monde.
Je ne suis sans doute pas affranchi pour comprendre ce qu'apporte à un acteur ces rôles écorchés de cinglés au bord du précipice.