Je ne suis qu'un béotien qui rit bêtement du noir envahissant du musée Soulages de Rodez. Je ricane tout aussi stupidement au jardin d'acclimatation devant certaines pièces d'art moderne de "l'homme le plus riche de France" et pareillement à la Fondation Gugenheim devant des installations d'art moderne qui me font penser, à moi simple vermisseau non-initié à du pur et simple "foutage de gueule".
Ne parlons pas de Jeff Koons qui a raison d'exploiter la koonerie ambiante..
Je fuis donc les musées d'art moderne, les expositions cinétiques et tout ce qui fait se pâmer l'élite du pognon et de la connaissance, suspecte à mes yeux de prendre ses vessies pour des lanternes et, de surcroît, de leur attribuer des prix déments.
Le cycle de la vie est illustré par ces magnats de l'industrie qui gagnent des milliers de smics par mois et qui achètent des peintures démentes pour des milliers de smics.
Mais je ne suis pas obtus et, lorsqu'on m'a parlé de la Fundaçào Calouste Gulbenkian de Lisbonne j'ai tendu une oreille parce que j'avais lu un article sur elle. Un collectionneur fortuné avait amassé des pièces rares, dans tous les domaines et souhaitait les transmettre à qui les mettrait en lumière. Seule la capitale du Portugal avait relevé le défi et s'était vue attribuer les collections de peintures, meubles, dessins, sculptures etc. du nabab érudit.
Nous y sommes allés et, à plusieurs reprises j'ai littéralement éclaté de rire devant certaines "pièces": Je pense au tapis persan sur lequel des morceaux de verres cassés bleu et transparents maculent deux côtés ou des dessins hideux (dont un représentant la faucille et le marteau du bon communiste des années 30 mais peintes à l'envers). Certaines "installations" étaient tout simplement grotesques. D'autres stupides.
Tout n'était pas anodin, loin de là, mais ce qui était navrant contaminait, en quelque sorte, ce qui était intéressant ou esthétique. L'art des années 60, avec ses plastiques et ses "happening" polluait l'exposition au point que je me suis lassé de ces aller-retours entre le signifiant et le ridicule et ai laissé ma femme terminer la visite seule.
Heureusement les jardins sont absolument splendides.
Et j'ai, paraît-il, raté quelque chose puisque la Fondation n'est pas l'exposition permanente et que je n'aurais pas vu la bonne.
Sans doute...