Je suis toujours fasciné par ces contemporains d'un évènement qui sont capables, pratiquement en temps réel, d'en observer puis d'en décrire les mécanismes ainsi que les tenants et les aboutissants.
La Syrie, les interventions américaine et russe, la Libye, l'Irak, Daech... pour certains tout est d'une limpidité de source et leurs explications sont fermes et définitives.
Il doit être possible, en effet, de dégager des lignes de force d'un évènement et de les relier entre elles. Peut-être même de dégager une explication (ou un début d'explication). De là à tenir des propos définitifs, à morigéner les uns et à absoudre les autres il y a une distance que nos amis journalistes n'hésitent pas à franchir.
N'est-ce pas un peu trop commode de reprocher tout (et son contraire) à Israël?, de vomir Trump? de ne trouver que des défauts à Hillary Clinton? de décrire Bachar al Assad comme le diable? Poutine comme un fou dictatorial et Hollande comme un zéro pointé?
Le quotidien ne nous montre t'il pas que les choses ne sont jamais aussi simples?
Ce monde manichéen du bien et du mal, du faible et du fort et du bon et du mauvais est tellement pratique que beaucoup de médias sont tentés de décrire le monde à travers ce seul prisme.
Outre cette grille d'interprétation si sommaire le fait est que l'information est traitée trop vite et sans recul. La réflexion, si elle vient, vient trop tardivement. La première réaction, celle qui sera suivie par l'ensemble des professionnels est pourtant celle de l'émotion et de l'interprétation d'un fait dans son aspect spectaculaire ou émotionnel.
Comme une information chasse l'autre bien souvent, cette première réaction que je qualifierais de "virale" est celle qui collera pour toujours à l'évènement.
Une fois encore preuve est donnée que, même sans intention maligne au départ, l'aspect commercial et sensationnel d'une information donnée supplante l'analyse et le temps de réflexion.