Je me souviens parfaitement de la nuit du 1er octobre 1983. Je me souviens de presque tout ce que j'ai vécu et ressenti.
C'était d'abord la fameuse "perte des eaux" pendant la nuit précédente. Au beau milieu de la nuit Catherine s'est retrouvée comme inondée (et moi aussi). La poche des eaux venait de se rompre et le liquide amniotique de s'échapper.
Pascale T*** qui était dans le même état peu avant nous avait expliqué qu'avec sa voiture elle roulait sur les pavés de Versailles pour obtenir ce résultat. Nous n'avions pas eu besoin d'avoir recours à ce stratagème pour faire venir ce bébé qui, ce ne serait pas son habitude par la suite, était en avance.
Le sac d'affaires pour la maman et le bébé (nous savions que c'était un garçon) était prêt, il ne restait plus qu'à aller dans le XVème, chez les bonnes soeurs, pour l'accouchement.
Prématuré, non. Pressé un petit peu (15 jours) Nicolas l'était. Mais pas ce 1er octobre de "venir au monde" comme on dit si joliment.
Mes frasques (ah! le lit électrique de la parturiente...), mon impatience et la longue attente font qu'une des bonnes soeurs (pas celle qui avait une calculette à la place du coeur) m'a prié de retourner chez moi voir si elle y était.
Après un après midi interminable, en soirée, les contractions étaient enfin (si j'ose dire) respectables. Je me souviens que j'ai assisté à l'accouchement (ce que je regrette) et que j'ai coupé le cordon ombilical qui reliait un alien verdâtre à sa mère épuisée mais souriante.
Lorsque la tête du bébé est apparue le Dr Hussenot, un médecin adorable, a tapé sur la table en verre en simulant un roulement de tambour et a dit: "Et voici Nicolas".
Depuis, ce Nicolas là, a tendance a beaucoup théâtraliser et à soigner ses entrées mais on sait d'où ça vient!
Le regardant j'ai eu un doute: comment des parents aussi beaux pouvaient faire un enfant aussi contestable? Heureusement cette impression n'a pas duré, ou plutôt seulement 32 ans. Je plaisante,il a été magnifique quelques semaines après et l'est resté.
Une fois E.T mis dans sa couveuse nous avons réalisé que désormais et pour longtemps nous serions 3. Nous étions ébouriffés par cette petite présence et conquis par ses petits bruits.
J'ai enregistré la subtilisation du placenta mais visiblement "cela ne me regardait pas".
Dans le même ordre d'idées, j'ai failli retourner un coup à celui ou celle (je ne sais plus) qui a piqué son minuscule pied pour en prendre une goutte de sang et ai été immédiatement conquis par ce bébé encore si vilain.
Oui, pour sa soeur ce sera la même chose quatre ans après, immédiatement conquis. Mais elle, elle a été jolie tout de suite.Totalement conquis. 1 minute après leur naissance je les aimais déjà. Et il y en a qui contestent l'existence d'un amour paternel.
Plus tard (vers 23H) nos 3 amies de l'époque (Odile, Agnès et Sophie) ont eu la chance (?) de se pencher sur le berceau et de saluer Nicolas qui montrait qu'il avait de la voix. (Laquelle des 3 était la "fée Classicos" je l'ignore mais ses dons sont restés discrets!).
La "soeur fric", comme je l'avais baptisée, un Harpagon religieux qui nous eût fait payer l'air ambiant, nous a donné notre première leçon: un bébé c'est beaucoup d'amour et beaucoup de dépenses. Nous étions tellement contents que nous ne l'avons pas étouffée avec son voile de religeiuse mais je le regrette encore.
Le retour à la maison est une autre aventure intéressante mais chaque minute de ce 1er octobre d'il y a trente-deux ans reste gravée en moi comme pour la plus belle journée de ma vie.