Mon esprit curieux, doublé de mon masochisme auquel s'adjoint le caractère souvent hypocondriaque de ma modeste personne a fait que j'ai lu le livre de Tahar Ben Jelloun "L'ablation" qui relate en long en large et à travers les multiples sensations d'un homme qui se sait atteint par et lutte contre un cancer de la prostate et qui voit sa sexualité ramenée à zéro.
Très jeune j'avais lu le livre de Gary "Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable" (1975) qui théorisait sans vaines fioritures l'impuissance et l'impossibilité de l'accepter du séducteur amoureux des femmes qu'il était.
Je notais qu'il ne se suicida que 5 années après...
Bref. Le sexe, la sexualité et la peur qu'elle ne cesse m'intéressent depuis toujours et comme ces deux écrivains je n'imagine pas une vie sans.
C'est d'ailleurs un des aspects très positifs de ce livre de n'être pas pudique sans être impudique. La lumière des néons de la salle d'IRM est la même qui éclaire les descriptions des rapports érotiques ou les ravages de la maladie.
L'auteur est capable de rester à portée de bistouri mais aussi de s'élever dans la réflexion et la philosophie. Son analyse sans haine des personnes qui ne supportent la maladie de leurs proches ne m'avait jamais été aussi clairement expliquée.
Mais revenons à Ben Jelloun. Il s'est mis à la place d'un mathématicien qu'il a effectivement rencontré, a croisé d'autres expériences ou témoignages, s'est renseigné sur la maladie et ses traitements, a romancé ici ou là (sans doute en s'inspirant de ses histoires personnelles avec des femmes), a en écrivain, imaginé les pensées et rêves d'un homme attaqué dans sa virilité et a écrit un petit livre glaçant qu'on lit comme on regarderait un film d'épouvante.
Pas ça, pas moi.
Et après l'avoir terminé on est heureux de ne souffrir d'aucun des maux décrits et de se porter aussi bien.