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6 mai 2015 3 06 /05 /mai /2015 06:33

Mon esprit curieux, doublé de mon masochisme auquel s'adjoint le caractère souvent hypocondriaque de ma modeste personne a fait que j'ai lu le livre de Tahar Ben Jelloun "L'ablation" qui relate en long en large et à travers les multiples sensations d'un homme qui se sait atteint par et lutte contre un cancer de la prostate et qui voit sa sexualité ramenée à zéro.

Très jeune j'avais lu le livre de Gary "Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable" (1975) qui théorisait sans vaines fioritures l'impuissance et l'impossibilité de l'accepter du séducteur amoureux des femmes qu'il était.
Je notais qu'il ne se suicida que 5 années après...

Bref. Le sexe, la sexualité et la peur qu'elle ne cesse m'intéressent depuis toujours et comme ces deux écrivains je n'imagine pas une vie sans.

C'est d'ailleurs un des aspects très positifs de ce livre de n'être pas pudique sans être impudique. La lumière des néons de la salle d'IRM est la même qui éclaire les descriptions des rapports érotiques ou les ravages de la maladie.

L'auteur est capable de rester à portée de bistouri mais aussi de s'élever dans la réflexion et la philosophie. Son analyse sans haine des personnes qui ne supportent la maladie de leurs proches ne m'avait jamais été aussi clairement expliquée.

Mais revenons à Ben Jelloun. Il s'est mis à la place d'un mathématicien qu'il a effectivement rencontré, a croisé d'autres expériences ou témoignages, s'est renseigné sur la maladie et ses traitements, a romancé ici ou là (sans doute en s'inspirant de ses histoires personnelles avec des femmes), a en écrivain, imaginé les pensées et rêves d'un homme attaqué dans sa virilité et a écrit un petit livre glaçant qu'on lit comme on regarderait un film d'épouvante.
Pas ça, pas moi.
Et après l'avoir terminé on est heureux de ne souffrir d'aucun des maux décrits et de se porter aussi bien.

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5 mai 2015 2 05 /05 /mai /2015 06:11

La liste des services autrefois gratuits va s'amenuisant. Ils sont désormais payants et leur quantité est tout bonnement impressionnante.

Le plus surprenant est notre impassibilité devant cette extension à la fois sournoise et inexorable.

Je ne dresserai pas la liste de ces petites choses de la vie quotidienne qui nous obligent à puiser indéfiniment dans nos poches à la recherche de monnaie pour les payer. Tout le monde les a à l'esprit.


C'est dans les aéroports que, public captif, nous sommes le plus mis à contribution et de manière scandaleuse. Outre que les prix sont déjà passés à un coefficient multiplicateur on nous demande 0,50€ pour se soulager la vessie et 1€ pour recharger pendant 10' notre téléphone mobile.
Ce qui fait frémir est la liste aussi longue de ce que l'on ne paie pas (encore) mais que certains doivent déjà intégrer dans leurs recettes futures.

Avec la multiplication des services qui deviennent payants il faut aussi compter avec l'augmentation surréaliste des prix et tarifs qui mettent la petite bouteille d'eau au prix du pétrole raffiné et, aux terrasses des cafés, le Coca-Cola ou le quart Perrier à celui du caviar d'Iran.

Charmante époque qui privatise tout et finira par nous faire payer l'air qu'on respire.

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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 07:01

Lino Ventura, plus que tout autre acteur Français, était celui qui donnait aux personnages qu'il incarnait cette force tranquille des hommes assurés de leur force qu'il vaut mieux éviter de chatouiller.

Je me souviens de ce personnage de flic pas commode qu'il jouait, dans le film «Adieu poulet» je crois, qui virait manu militari une bande de Krishnas qui avait eu le tort de l'agacer....

Vendredi, en fin d’après midi, Place Esquirol, j'ai assisté à un rapide mais violent contentieux entre deux types dont l'un m'a fait penser à Ventura.

Naturellement je n'ai pas été mis au courant de ce qui les opposait. La scène a duré moins d'une minute mais était impressionnante.
J'ai vu un homme d'une quarantaine d'années, plutôt baraqué, littéralement fondre sur un autre plus jeune et plus frêle, de type nord-Africain avec casquette. Le premier a donné une gigantesque gifle de cinéma au second qui en a perdu son équilibre et sa casquette.

Visiblement il ne s'attendait pas à cela et est resté interdit quelques secondes. Il s'est alors dirigé vers son gifleur qui s'éloignait, manifestement certain que son adversaire avait compris la « leçon », pour répliquer ou manifester son «mécontentement».
L'autre homme s'est retourné sans hâte et lui a asséné un coup de poing en pleine figure puis un autre qui l'a fait tomber s'affaler sur le trottoir.

Des personnes qui attendaient le bus sont arrivées en courant pour mettre à l'abri l'homme à terre. Des hommes de même origine que lui l'ont éloigné en lui disant «qu'il l'avait bien cherché». Les 4 ou 5 personnes intervenues donnaient toutes tort à l’homme frappé.

Le «cogneur», très calmement, est reparti vers le Pont-Neuf sans se retourner et d'un pas régulier.
Je n'ai rien vu d'autre mais la scène m'a frappé par sa soudaineté et sa violence.
Immédiatement j'ai pris fait et cause pour celui qui a frappé, moi qui suis plutôt pusillanime, j'ai apprécié l'autorité et la force qu'il a manifesté.
Peut-être étais-je inconsciemment admiratif d'une brute frappant quelqu'un qui ne le méritait pas; peut-être me suis-je projeté dans une attitude que je ne saurais sans doute pas avoir (celui qui a frappé le premier) mais, quoi qu'il en soit j'ai été impressionné par cette petite querelle publique.

Samedi, presqu’au même endroit, Françoise et moi avons vu deux femmes s’embrasser affectueusement.
Le contraste entre la tendresse de samedi et la brutalité de vendredi m’a plu.

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1 mai 2015 5 01 /05 /mai /2015 07:06

Comme moi vous avez dû entendre cette ahurissante double information. Le responsable de l'ONU en Centrafrique Anders Kompass a été suspendu pour avoir fait fuiter l'information selon laquelle des soldats Français auraient violé des enfants en échange de nourriture à Bangui.
Vous avez bien lu: le responsable a été chassé parce qu'il a dénoncé un scandale.
Et des soldats Français, censés porter aide et soutien à des populations en danger ont comme profité de leur statut pour se conduire en force d'occupation et commettre les pires exactions (les enfants violés auraient entre 9 et 11 ans et ils ont identifié 16 de leurs bourreaux) dont des viols sur enfants. DES VIOLS SUR ENFANTS.

Bien sur l'enquête est en cours, bien sur faute de preuves on est juste sur un soupçon... L'armée, les armes, la sempiternelle fraternité d'armes, le pouvoir et l'impunité de celui qui a la force laissent imaginer que nos "vaillantes troupes" ont peut-être quelque chose à se reprocher, en Centrafrique et ailleurs.

J'imagine que cette fameuse enquête diligentée par la hiérarchie va rencontrer un certain nombre d'obstacles et qu'à la fin un jugement mi-chèvre mi-chou destiné à recouvrir ces horreurs d'une chape de silence sera prononcé.
A priori, je le reconnais, je crois l'armée, toutes les armées, capable(s) de commettre, même sur des alliés, des faits aussi ignobles. On l'a vu en 1945 avec les Américains et nul n'a oublié comment l'Algérie a été "pacifiée" par l'armée Française .

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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 06:56

Jack Lang, qui doit avoir dépassé l'âge légal de la retraite depuis son quatrième lifting est, grâce à son carnet d'adresses, Président de l'Institut du Monde Arabe. Le poste va sans doute avec un salaire très élevé et des conditions du style note de frais extravagante, frais de représentation, voyages tous frais payés etc. L'homme n'est ni antipathique ni incompétent, je ne suis pas à même d'en juger. Il est seulement insupportable.
Député volant (Blois, Boulogne sur Mer...), ministre permanent (culture, éducation nationale), il a essayé tous les "fromages" de la République en se servant à chaque fois.
Il a été de tous les congrès du PS, de toutes les campagnes électorales, invité ayant son rond de serviette dans les émissions politiques, littéraires et de variétés il était omniprésent.
Il a même, auréolé de sondages flatteurs, songé à se présenter à l'élection présidentielle car il n'a jamais douté de rien; et encore moins de lui.

Lang c'est un Séguéla-bis: un zéro pointé doublé d'un imposteur qui bénéficie, allez savoir pourquoi, d'une indulgence coupable de la part des médias, des politiques de son bord et des Français. Un "intouchable" qui pourrait dévaliser la banque de France qu'on le poursuivrait pour lui donner ce qu'il aurait oublié...

A l'Institut du Monde Arabe (quelles sont ses compétences pour ce poste?) il organise ces jours-ci une de ses brillantes manifestations onéreuses avec lesquelles il a bâti sa légende. Elle est consacrée, cette fois, à la culture des rues et au rap.
J'ai cru avoir mal compris lorsque j'ai entendu l'annonce. Le festival Hip-Hop avec le rappeur La Fouine est bien programmé au musée. Le prétexte est trouvé: en Tunisie le rap est à la mode. Boum! voilà l'alibi.
Lang a raison: pourquoi s'arrêterait-il de prendre les parisiens, l'administration, le ministère de la culture, le ministère des finances et les Français pour des cons?

"Hip hop citoyens" une des associations co-organisatrices de l'évènement a pour mission de "promouvoir la culture hip-hop". Et moi je dis bravo. Que les impôts augmentent pour financer pareilles actions culturelles me va bien. J'en redemande.
Ab el Malik, Booba et La fouine sont les amis de l'ancien ministre de la culture. J'applaudis.

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29 avril 2015 3 29 /04 /avril /2015 06:58

Programmé pour dans 3 mois mon remariage occupe quelques moments de ma vie et me distrait par les étonnements qu'il provoque chez moi.
L'un des plus important concerne les "mariages pour tous" qui sont bel et bien installés dans le pays et qui l'ont été dans un calme inversement proportionnel à l'hystérie agressive et intolérante qui en a accompagné la mise en oeuvre légale.

A la mairie de Toulouse les bans de mon mariage "classique" étaient entourés par ceux de deux mariages pas mixtes.

A Mont de Marsan qui est certes une jolie petite ville mais pas, je pense, une cité à la pointe des moeurs bobos et décalées j'ai vu l'annonce d'un mariage entre deux femmes, l'une infirmière l'autre psychologue et une autre concernant deux hommes, un chef de rang et un militaire. Un militaire!!!!

Il suffit de se souvenir de Christine Boutin, missel au vent, rejetant les homosexuels des deux sexes aux flammes de la damnation pour vérifier à quel point ce combat était vain et, j'ose le mot, ridicule.
Qui niera que les maires avec écharpes, les prêtres catholiques traditionnels ayant ressorti leur soutane de la naphtaline et les légions de Bourgeois pas bohème qui manifestaient des slogans haineux ont perdu la partie, deux ans après?

La tolérance, cette vieille lune qu'on invoque toujours en rejetant les autres aurait dû, dès le départ, accompagner cette évolution sociétale qui ne concerne qu'une minorité et qui ne fait de mal à personne.
Les vieilles filles, les célibataires fiers de l'être, les veufs, les divorcés, les trop vieux, les trop jeunes ne manifestent pas contre les mariages hétérosexuels qui ne les concernent pas. Pourquoi en a t'il été autrement avec ce chiffon de papier ?

Le seul regret que l'on peut avoir avec ce mariage homo c'est le manque d'originalité qui le caractérise. Il plagie l'autre sans imagination et les confettis y sont jetés tout comme les xlaxons y retentissent.

Frigide Barjot, Christine Boutin, Ludovine de la Rochère et les hordes de foulards Hermès qui scandaient "pas touche à la belle famille Française" doivent préparer dans l'ombre de beaux et nobles combats avec des slogans élégants et humains. On peut leur faire confiance.

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28 avril 2015 2 28 /04 /avril /2015 06:53

Je jubilais en lisant la dernière page du "Marianne" daté du 24 avril et dans lequel l'excellent Guy Konopnicki adresse une remontrance sans concession à Laurent Wauquiez à propos de son inadmissible sortie sur Christiane Taubira.
On se souvient que le minet à la parka rouge, jamais en retard d'un clin d'oeil aux électeurs du front national a rendu responsable la garde des sceaux dans l'horrible affaire de cette petite fille du nord violée et tuée la semaine dernière. Sans se soucier de la douleur des parents il a polémiqué et parlé de "désarmement pénal".
Quand je vois Wauquiez, quand j'entends Wauquiez j'ai toujours en tête la diatribe de Napoléon 1er à Talleyrand: "vous êtes de la merde dans un bas de soie".

Car Wauqiez a une bonne tête de jeune premier. Le genre de type qui plaît de Neuilly à la Muette en passant par les beaux quartiers de Nantes, Lyon, Bordeaux et Marseille.
Un cursus remarquable et une carrière qui l'est moins: politiquement l'homme est plus proche, par ses prises de position, d'un Balkany ou d'un Estrosi. Depuis des années, couche après couche, il rapproche les positions de l'UMP de celles du front national. L'assistanat, son scandaleux cheval de bataille, se double désormais d' attaques honteuses contre Christiane Taubira qui est la bête noire des extrêmistes de droite.

Ce qui me gène, personnellement, c'est cette ambition brute, cette façon de faire de la politique méprisante et indigne qui rappelle le pire d'un Copé ou d'un Montebourg.

Je reviens sur cet article de Marianne qui a dû gâcher le week end du beau Lolo. Si, en plus, des opposants ont eu la bonne idée de le faire circuler et de l'afficher aux endroits stratégiques de la ville du Puy en Velay qui a eu la faiblesse de l'élire maire, il réfléchira peut-être aux limites qui existent en matière d'expédients politiques. On ne peut pas, sans perdre son âme, utiliser des méthodes de voyou pour "arriver".
L'exemple du maire de Provins devrait être médité.

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27 avril 2015 1 27 /04 /avril /2015 07:50

Je suis perplexe devant ce que l'on présente comme le nec plus ultra des attractions touristico-culturelles de nos jours à savoir ces "reproductions" à l'identique telles celles de la grotte de Lascaux et celle de la grotte Chauvet.
Vraiment pas convaincu en réalité. Personnellement je me surprendrais moi-même si j'allais un jour les visiter.
Je comprends parfaitement que pour conserver dans le meilleur état possible ces témoins du passé il faille les protéger du tourisme de masse. Je conçois que le piétinement, la respiration et la chaleur dégagée par les corps soit de nature à dégrader les peintures rupestres inestimables tant artistiquement qu'historiquement.
Mais à tout prendre je crois que de très belles photos, un beau documentaire réalisé par un connaisseur me suffiraient. Aller voir une copie, un plagiat, une re-création me semble tout bonnement une escroquerie morale.

Imagine t'on un faux Taj Mahal? un bayon reconstitué en béton? évidemment non, cela n'aurait pas de sens. (encore que des Margoulins de chez Disney ou de Las végas n'hésiteraient pas).

Si, au départ, l'idée est généreuse et se comprend il ne faut pas longtemps pour comprendre qu'il y a derrière la reconstitution des grottes Chauvet et de Lascaux une vilaine histoire de devises. Une simple histoire de tourisme et de rentrées sonnantes et trébuchantes.

Des selfies devant un auroch dessiné par ordinateur et posé dans une grotte en béton armé? très peu pour moi!

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24 avril 2015 5 24 /04 /avril /2015 06:22

On parle toujours des amours qui se meurent comme de la quintessence des sentiments douloureux.
Une amitié qui se fane pour finalement s'éteindre c'est terrible aussi. Les impressions sont les mêmes et pas moins pénibles à vivre.
D'abord la subite révélation que l'unisson des coeurs et des pensées a vécu.

Avec étonnement et regret nous nous apercevons que nous ne partageons plus l'essentiel. Nous constatons tristement que la présence de l'autre devient indifférente sinon pesante.
Les silences remplacent la complicité et le langage masque mal une déperdition continue du plaisir d'être ensemble.

C'est venu de loin et l'on a prétendu ne rien voir: mais on pourrait dater très précisemment le moment où a commencé ce lent détricotage de l'amitié.
Ce qui nous liait nous agace, la prévisibilité des réactions comme les excuses qui nous sont données ne nous amuse plus. Au contraire elle nous contrarie.

Alors on se révolte, on se dit qu'on se trompe et que l'amitié passe un mauvais moment mais va revenir, triomphale.
On n'y croit qu'à moitié et on fait le nécessaire pour que la parenthèse se referme.
Mais hélas ce n'est pas une parenthèse. L'amitié, touchée sous la ligne de flottaison sombre doucement. On espace les appels téléphoniques, les SMS, les mails et les moments où l'on se voit.
On n'appelle plus l'autre quand soudain une chose qui nous aurait fait rire survient: plus la peine, plus l'envie.

Commencent la litanie des reproches (ceux que l'on vous fait et ceux que l'on se fait soi-même), les ravages de la "mauvaise conscience" et les alibis douteux.

Comme on ne veut pas être à l'origine de la fin d'une belle amitié (mais ça concerne aussi bien les frères et soeurs, les cousins et tout ce qui appelle des sentiments forts sans connotation sexuelle) on accuse mentalement l'autre d'être responsable et l'on se dédouane ainsi de ses torts. Sans cesse refait, le procès à charge de l'autre, l'ex-ami, voit sa sentence s'aggraver. Le bannissement est requis par l'avocat général que nous sommes devenu.

Arrive le moment de l'explication. Ou celui de son évitement.

Puis le lent oubli ravivé par une photo, un nom prononcé dans une conversation ou une carte postale à peine lue.

Celui, celle dont il était inimaginable qu'on ne l'invite pas déserte les réunions de famille, les vacances et en fin de compte la vie.

  PS: Eric, Patrick, Alain, Sophie M, ça ne vous concerne évidemment pas.
         Lambert, Olivier, Serge, Nicolas T, vous non plus, naturellement.

 

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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 06:30

J'ai regardé un film? téléfilm? britannico-hongrois sur le procès d'Adolf Eichmann qui m'a laissé sans voix.
Non qu'il soit mal joué ou mal mis en scène. Le problème n'est pas là. C'est un film idiot, infantile et, au bout du compte, néfaste qui a été réalisé par un tâcheron qui a dû lire la biographie d'Eichmann sur un site Internet.

Quand on pense à toute la "littérature" qui a été faite à l'occasion du procès de cet effroyable individu on se pince pour croire qu'un scénariste ait pu écrire une telle pantalonnade.

Négligées les actualités de 1960-1961, négligés les travaux d'Annah Arendt sur "Eichmann à Jérusalem", négligé la théorie de "la banalité du mal", inconnue la thése du "meurtre de bureau", oublié le film de Rony Brauman.... une sorte de pâtée pour chien sans la moindre rigueur historique ou psychologique tient lieu de viatique .

Comme s'il suffisait d'une vague ressemblance liée à la calvitie et aux lunettes et que reproduire des grimaces vues dans un film d'actualité suffisait pour recréer un Eichmann crédible.


L'acteur qui joue le rôle principal et celui qui incarne celui qui l'interroge ne sont pourtant pas en cause. Ils se donnent du mal pour être leur personnage mais impossible de sauver un scénario indigent.

 

Pour bien montrer la méchanceté d'Eichmann les scénaristes ont inventé des scènes grotesques comme ce bébé que le nazi tue à bout portant pour séduire une baronne sado-maso (!). C'est ce côté appuyé, grand-guignol presque qui donne aux reconstitutions édifiantes cette tenace impression de cinéma pour adolescents.
Tout y est manichéen: le méchant nazi/le gentil juif qui l'interroge, les femmes mauvaises que le nazi fréquente/la femme héroïque qu'a épousé le héros, la violence du criminel de guerre/la douceur toute en retenue du héros, la méchante journaliste qui veut publier un article ruinant le travail du juge/l'interrogateur qui se sacrifie pour sa cause...C'est le club des 5 à Jérusalem!

 

Le film cumule les poncifs (les scènes de foule qui veut lyncher Eichmann et son juge d'instruction), les retours au passé (sépia, naturellement), les anachronismes (les déportés dans des tenues rayées immaculées et repassées),

et les invraisemblances (le bébé dont j'ai parlé plus haut, la lettre à ses enfants que l'interrogateur postera post-mortem) et les erreurs et approximations historiques. On le sent; le film s'est donné pour but de faire frissonner les spectateurs avec un "monstre". 

Bref c'est du n'importe quoi destiné à édifier des foules qu'on préjuge stupides et influençables. Prêtes à gober des tranches de vie indignes de "l'Histoire pour les Nuls".

Eichmann est donc ridicule (il échange ses assiettes avec ses gardes de peur d'être empoisonné, il souffre quand on le fouille à corps, il propose à son interrogateur de se pendre lui-même...) et son juge est tourmenté. (son papa est mort en déportation et c'est Eichmann qui a signé l'ordre, coïncidence imbécile et hautement improbable).

Au final un film grotesque (l'affiche du DVD aurait dû m'avertir) et historiquement très contestable qui fait exactement ce qu'un historien s'interdit: romancer, inventer, appuyer et, en fin de compte, déformer la vérité en croyant  ou voulant la renforcer.

Eichmann (2007) réalisé par Robert Young avec Thomas Kretschmann, Franka potente, Troy Garity et Stephen Fry

 

 

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