Je trouve amusant que les livres politiques ou liés à l'actualité soient écrits
à une vitesse qui force l'admiration et mis aux devantures dans des délais
si courts qu'on se demande s'ils n'ont pas été écrits par plusieurs personnes
avant l'évènement qu'ils racontent.
Lorsqu'un artiste de quelque renom disparaît, les libraires affichent ses
premières biographies entre l'annonce de son décès et celle de la date de
ses obsèques.
Dès le surlendemain du second tour de la Présidentielle de cette année les
livres retraçant la campagne et expliquant la victoire de l'un et la défaite de
l'autre fleurissaient dans les vitrines.
D'un côté on nous demandait d'attendre le sacro-saint dimanche 20H00 pour
connaître avec certitude le résultat de l'autre on voit des "politologues" mettre
la dernière touche à leur bouquin pour que l'ordre d'imprimer soit au plus
près du second tour.
A croire qu'ils écrivent deux bouquins pour ne garder que celui qui donne le
bon résultat!
Cette religion de l'immédiateté va à l'encontre de l'intérêt même du livre. Trop
vite écrit et trop vite publié il fait sans doute l'impasse sur des explications qui
n'arrriveront que quelques temps après l'évènement.
Encore marqué par les affects et états d'esprits récents il risque de passer à
côté de détails importants et de témoignagnes primordiaux.
Mais notre époque est ainsi faite que chaque éditeur veut "son" livre, signé par
un journaliste vendeur et qui entre au plus vite dans la liste des best-sellers,
quitte à la quitter aussi rapidement qu'il y est entré.
C'est, je crois, faire injure au bon goût et à l'intelligence du public que de penser
qu'il faut "battre le fer tant qu'il est chaud". Un peu de réflexion et de recul ne
ferait de mal à personne dans le couple auteur/lecteur.
Mais la marchandisation de tout et la rentabilité maximale est seule à incriminer.
Les éditeurs comme les lessiviers doivent vendre vite et beaucoup.
Au détriment de la qualité et au mépris de leur métier qui est de publier des
livres dignes.
Il est vrai qu'ils sont déjà occupés à vendre des livres sur le cinéma et sur Cannes
et que les imprimeurs préparent pour eux les livres sur le tournoi parisien de
tennis, Roland Garros oblige.