A Barcelone, dimanche 14 avril, j'avais 7 heures à tuer et une douleur aux genoux qui m'empêchaient d'envisager des visites trop longues ou des activités trop sportives.
J'ai donc pris le chemin de la plage et me suis arrêté sur le muret, devant le casino et le "poisson" doré.
Le soleil, il était dix heures, commençait à chauffer et la foule dormait encore.
Je lisais tranquillement, interrompu de temps en temps par les piaillements de perruches vertes redevenues sauvages et qui se battaient au dessus de moi dans les palmiers pour des emplacements où créer leur nid.
Des joggeurs (dit-on encore comme ça?) équipés comme des tableaux de bord d'avion passaient en me rasant.
Un grand black, tout de noir vêtu, vint se poser à quelques mètres de moi et se mit à creuser vivement dans le sable le long du mur. On aurait dit un animal creusant un terrier. Bizarre. Je relisais trois fois la même phrase tant j'étais distrait. J'ai fini par le regarder discrètement derrière mes lunettes foncées. des trous creusés il sortit des pierres carrées en grand nombre.
Il installa ces pierres en carré deux pierres servant à deux carrés. Avec un grand sac blanc rempli de choses qui paraissaient plates mais lourdes il fit des allers-retours sur le sable d'une pierre à l'autre puis autour d'elles jusqu'à former des carrés parfaits et réguliers.
Je n'avais toujours pas compris le pourquoi de la chose. D'autre Africains passaient, s'arrêtaient, échangeaient deux mots avec lui puis il reprenait son étrange activité. Quoi qu'il en soit devant lui le sable était impeccablement lissé.
Inutile de dire que ma lecture était au point mort. Mon voisin sortit du sac blanc des carrés emballés dans des sacs transparents. Ils contenaient des paréos colorés qu'il allait exposer sur le sable, maintenus par les pierres, à un endroit stratégique de la plage pour les vendre.
Quand il eut tout fini je m'aperçus que d'autres l'avaient rejoint et avaient posé sur leurs grands draps des paires de lunettes de soleil, des sacs de contrefaçon, des baskets, des vêtements de sport et des ballons de football aux couleurs du "Barça". Je ne me souvenais pas avoir vu ça lors de mes visites précédentes.
Ce que mon voisin avait exposé me semblait assez moche mais certains paréos n'étaient pas vilains.
Je finis par quitter mon emplacement, pressé par la chaleur de midi, la faim et le besoin de "bouger".
Tout le long de la plage et même sur le port étaient posés au sol la même marchandise. Des kilomètres de tissus, tous les mêmes et des vendeurs qui ne vous lâchaient pas...
J'ai hésité un court instant à acheter des lunettes jaunes (pour voir la vie en rose) et un paréo plutôt joli mais la qualité de l'une et celle de l'autre m'en ont dissuadé.
J'ai déjeuné sur la plage dans un restaurant pour touristes peu regardants et observé les vendeurs: leur commerce, malgré leur surnombre, semble bien fonctionner!