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15 septembre 2022 4 15 /09 /septembre /2022 07:00

L’Éthiopie, pour moi, c'était vague. Rimbaud dans le Harar, Le Négus Hailé Sélassié, l'effroyable dictateur communiste Mengistu (1,2 millions à 2 millions de morts)... et c'est à peu près tout.

L’Éthiopie s'est rappelée à moi d'une singulière façon. Un "doc" de 15 minutes diffusé par Arte dans le cadre d'une émission intitulée "Arte Reportage". Le présentateur, avant de nous prévenir que certaines images étaient terribles nous a dit que le reportage pouvait aussi bien s'intituler: "un massacre ordinaire".

Il concerne la région du Tigré dont l'ethnie dirigeait l’Éthiopie avant d'être écartée du pouvoir. Les Tigréens sont en rébellion contre leur propre pays.  C'est devenu une vraie guerre moderne!

Le reportage commence par une visite d'un centre de regroupement (Prison? bagne? camp?) dans lequel 6000 Tigréens et quelques femmes soldat vont être sommairement interrogés sur leur participation à un massacre de civils. Il s'agit, on l'a compris, de crimes de guerre qui sont venus à la connaissance des autorités et du monde "grâce" à une vidéo prise par un soldat sur son portable. Le commentateur dit que les soldats de 20 ans filment tout, comme les  jeunes du monde entier.

On assiste à la confession d'un des massacreurs qui dit que le ministère de la défense a interdit de tuer des civils mais que ces ordres ont été contredits par un de ses chefs qui, en substance a exigé:                             "Tuez les tous, massacrez-les. Brûlez chaque maison. Tu les mets en face de leur maison et tu tires .../...".

En janvier 2021 il y a eu une rafle de villageois au centre de l’Éthiopie, à Mahebere Dego. On voit des jeunes gens, d'abord debout puis assis. Ils ont des habits civils. Un grand en survêtement rouge un foulard autour du cou se détache des autres hommes assis. C'est un des premiers à être emmené devant une falaise et abattu comme un chien d'une balle dans la nuque. (Oui, comme en 1941 à l'Est). Le "cameraman" au portable insulte les victimes sur le court trajet qui les emmène à la mort.  On voit ces hommes qui n'ont plus que quelques secondes à vivre; On les fait courir au supplice et on les achève devant nous, spectateur muet d'horreur.

Les "condamnés", très jeunes, ne se rebellent pas, accélèrent le pas et meurent dignement. Comme ceux que l'on guillotinaient en France en 1793 ou les victimes des purges de Moscou. Je pense à ce texte d'Orwell qui suit un condamné à mort qui va être pendu (en Inde, dans les années 40): Orwell est fasciné par le fait que l'homme à qui il reste une ou deux minutes de vie fait un écart sur le chemin pour éviter une flaque d'eau.

L'image du doc est belle, en couleur, le son terrible "Pas dans le dos, dans la nuque". On voit les exécuteurs obliger des femmes à participer au massacre. 

Le reportage se termine par l'interview du cinéaste amateur, un gamin comme tous ceux qu'on voit dans le tram aux Arènes à Toulouse.

Le documentaire s'achève sur une note tragique: les tueurs reconnaissent que les civils étaient innocents..

 

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