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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 07:25

Moins on en fait plus on en raconte, c'est bien connu.  Ainsi j'avais fait quelques étapes du Chemin de Saint Jacques de Compostelle en 2016 et j'en ai ajouté 3 autres cette année: je raconte et donne des détails alors que ceux qui sont dès le petit déjeuner en route n'en disent rien ou si peu.

Deux des "problématiques" les plus brûlantes sur ce fameux chemin concernent les repas et le coucher. A peine l'on quitte un gîte, le sac à dos contenant quelques vêtements de rechange propres et secs, qu il faut déjà songer à celui du soir.

Car on ne repart pas les chaussures mouillées et les chaussettes humides de la veille aux pieds. Il y a toute une logistique indispensable sans laquelle personne ne tiendrait plus d'une semaine. Il faut s'être douché (et de préférence avec de l'eau chaude, donc être arrivé suffisamment tôt pour en avoir bénéficié), avoir lavé et fait sécher son "petit linge" (et transformé la plus jolie des chambres en bivouac), refait son sac (mais où est le chargeur? les piles de rechange, la frontale, le rasoir, l'aspirine, le couteau etc (liste non limitative: on ne retrouve pas un objet, quelle qu'en soit la taille. On en oublie toujours, on n'en retrouve que certains..) reposé tant bien que mal (changer de lit et de literie tous les jours est plus déstabilisant que la marche elle-même!). Bref... regardant le ciel et le gros nuage noir à droite on s'apprête à marcher sur une vingtaine de bornes et l'idée qu'on a peut être oublié le pic-nique, l'eau ou le portefeuille s'insinue en nous. On y va? on y va. On verra bien. Et c'est ainsi qu'on laisse derrière soi toute une série de tubes dentifrice, de tee-shirts fraîchement lavé, de couverts ou une chaussette dépareillée.

Quelquefois c'est au quatrième kilomètre qu'on se rend compte qu'on a égaré un bâton neuf, une casquette qui nous allait bien ou le fil du téléphone. On ne va pas se gâcher la journée pour ça. D'autant plus que les martinets (que l'on s'obstine à appeler hirondelles) passent au-dessus de nos têtes en poussant des cris stridents pour nous rappeler qu'on est (enfin) au printemps.

La pluie a cessé de tomber et la bouillasse est moins aspirante. Une belle étape s'annonce. Une belle journée a commencé. Les fleurs sont partout. D'énormes vers de terre traversent mollement le chemin par reptations successives. Notre progression est autrement plus élégante!. Les flaques se résorbent en réfléchissant le soleil.

Mollement les nuages s'étirent et se disloquent. la température remonte. Le pèlerin, oignon vivant, se défait d'une couche de vêtements inutiles. Ils les chiffonnent et les enfourne dans le sac, brisant le bel ordonnancement qu'l avait mis tant de temps à atteindre.

Une photo, vite une photo. Mais où est le téléphone? On tient les bâtons, on fouille dans le sac, on cherche partout et l'arbre au tronc noueux est immortalisé. Fabien en a lu la notice et sait à qui il a affaire. Je le crois capable de retenir jusqu'à son nom latin!

On traverse un hameau. Les chiens font ce que l'on n'attend pas forcément d'eux: ils aboient où ils viennent vous renifler. Aussitôt s'insinue en le marcheur l'idée que ses habits ne sont pas aussi nets qu'il l'imaginait en les récupérant avant de se coucher.

Chaque chapelle, église voire cathédrale reçoit notre visite. Nous lisons rapidement le laïus parfois pompeux et désuet qui explique ce que l'on est assez grand pour savoir. On referme doucement la porte sur un froid pénétrant et silencieux.

Car, marcheur 2.0 nous avons montre connectée, GPS ultra-précis, moyens de communication que n'avaient pas les généraux de 14-18 et les chemins sont balisés. Se perdre ne peut se faire que si l'on est perdu dans ses propres pensées.

On croise d'autres marcheurs, d'autres marcheuses et on les classifie rapidement. Touriste, ultra-catho, paumé, bienveillant, illuminé, élu (sic) chacun ou presque possède une catégorie qui l'englobe. On s'échange les bons (et les mauvais, mais c'est trop tard) plans. On disserte sur tel ou tel sujet puis on se salue simplement. Il y a de fortes chances qu'on se revoie bientôt.

Car on voit souvent les mêmes marcheurs sur le chemin. Et avant que d'arriver au gîte d'étape qu'elle dirige, on sait que Marie-F. est forte-en-gueule, possède un tempérament d'adjudant-chef, qu'elle n'est pas commode mais qu'elle cuisine plutôt bien, et que les lits sont clean.

La soirée chez elle a été amusante. Je n'oublie pas que je dois vous parler des gîtes en général et du sien en particulier... je le ferai la semaine prochaine. D'ici là: bonne marche à ceux qui ont la chance de marcher et à ceux qui les suivent en pensée.

 

 

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