Régulièrement une affaire d'expulsion d'immigré réveille les bonnes consciences de
gauche qui, sursautant, vocifèrent et s'agitent comme si nous étions en 42 sous Vichy
et avec les nazis aux trousses.
Les associations spécialisées dans l'humanitaire et leurs avocats, stupéfaits que leur
combat quotidien dispose soudain d'une visibilité et d'une écoute inhabituelle donnent
de la voix et pendant 48 heures nous vivons un psychodrame admirablement mis en
scène.
Certes le point de départ est toujours dramatique et l'affaire de Léonarda, expulsée
avec sa famille, ne fait pas exception à la règle, mais la dramatisation et les postures
restent les mêmes: on s'indige, on emploie des comparaisons outrées, on parle du
"pays des droits de l'homme" et on ripoline les vieilles habitudes médiatiques en
combat du bien contre le mal.
On hurle contre Sarkozy ou Valls qui ne font que leur boulot de ministre de l'intérieur
qui applique la loi et on donne aux migrants un signal on ne peut plus clair: une fois
sur place il sera difficile de vous faire repartir, même si vous êtes illégal, clandestin,
sans papiers et que vous venez d'un pays d'Europe avec lequel il y a des accords.
Etre généreux avec l'argent des autres et donneur de leçons lorsqu'elles ne vous
coûtent rien est un grand classique qui flatte l'ego de ces bonnes âmes et leur
donne à penser que leur générosité les sublime.
On fait donner la cavalerie (les lycéens, camarades de l'expulsée) qui a l'indignation
féroce dite dans des mots choisis, on a les yeux mouillants (les associations), on
dépose des nounours et des mots remplis de fautes et de bons sentiments
("Léonarda on t'oubliera pas") et c'est parti pour deux jours de furie médiatique.
Au final quand Léonarda reviendra elle sera instantanément oubliée, sa famille
bénéficiera (peut-être) d'un 2 pièces et de la CMU et alors?
Je n'ai pas la prétention de savoir ce qu'i faudrait faire et me garderais bien de
dire où est le bien où est le mal.
Je m'insurge (en les bycottant) contre ces médias qui croient faire de l'information
quand elles ne visent qu'à vendre, qui trahissent leur mission en désinformant
ou, pire, en flattant ce qu'il y a de plus médiocre chez ses lecteurs.
Des Léonarda, du Kossovo ou d'ailleurs, il y en a plein les rues qui mangent
les rebuts des fins de marché et dorment dans des cartons.
Les bonnes âmes ne se font guère entendre sur ces malheureux là!
Il fallait entendre le 7/9 de France Inter ce matin au sujet de cette regrettable
affaire: Valls était traité verbalement comme un Klaus Barbie réincarné.
Un peu de mesure ne ferait pas de mal.