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6 avril 2023 4 06 /04 /avril /2023 07:00

J'ai regardé -je suis masochiste- le doc de France 5 sur les chauves et intitulé "La revanche des chauves". Je ne me considère pas comme chauve bien qu'il soit incontestable que j'en sois un. Tout au long de l'émission j'ai bien été obligé de noter qu'à chaque fois, si je répondais honnêtement, il fallait répondre par oui aux questions départageant les chevelus et ceux qui ne le sont pas. 

ou plus. 

Car, chers ami(e)s, j'ai eu des beaux cheveux pendant plus de la moitié de ma vie. Je me suis rendu compte que quelque chose déconnait de ce côté le jour où j'ai confié le camescope familial à mon amie Lulu et que celle-ci m'a cadré de dos, de près et qu'il y avait un trou dans ma crinière. Un éclaircissement, une absence,  une clairière, du rose dans le noir. Une horreur. 

J'ai regardé et regardé le film: je n'étais pas victime d'une illusion méchante mais bien d'un phénomène inadmissible après des millions d'années d'évolution humaine: l'alopécie. Outre le "désagrément" (il faudrait un mot du vocabulaire destructif atomique pour dire les choses avec justesse) c'était sans doute là depuis longtemps parce que je ne l'avais pas vu et que personne ne m'en avait jamais fait la remarque. 

Punition divine? je n'aimais pas les chauves et souffrais d'un sentiment de supériorité exacerbé devant eux. Que je le devienne était impossible. Mon frère ayant le cheveu clairsemé je pensais que la malédiction capillaire était passée par lui et m'éviterait. Pourtant mon père, son père, le père de ma mère etc. avaient tous ce défaut rédhibitoire qui n'est pas qu'esthétique. Dévirilisant, laid, ridicule, minable. La liste est infinie de ce que l'on devient une fois le processus de perte des cheveux engagé.

Et le tout se résume par une image qui évoque pour moi l'indignité suprême: celle d'un vautour déplumé. 

J'entends, ici ou là, les rassurants qui parlent de Yul Brynner et d'un ou deux beaux chauves. C'est bien tenté mais décidément le chauve de base est tout sauf un prix de beauté. 

Je n'imagine pas Blanche Neige sombrant pour cent ans dans le sommeil en se disant: "vivement que le prince charmant chauve vienne me réveiller". 

Certains des interviewés du documentaire semblaient bien dans leur peau mais le naturel revenait vite. Le footballeur Franck Leboeuf jouait ainsi sur nos nerfs en pesant objectivement le négatif et le négatif. Je ne parle pas de positif car le seul point qui y ressemblait était pour lui celui de ne pas perdre de temps à se coiffer. Ca ne m'a curieusement pas semblé un bon argument. 

On a donc passé en revue les Barthès, Giscard et autres crânes d'œufs et entendu la litanie des désagréments (forme conique de certains crânes, cicatrices, air dur que la calvitie pouvait donner, look âgé et autres coups de soleil intempestifs) auxquels ils devaient faire face. J'aurais, pour "compenser" avalé deux tablettes de "Milka Daim" si j'en avais eu sous la main.

Car moi aussi je passe mon temps à me rassurer et me dire que j'en ai encore (des cheveux). Car moi aussi je bouche les trous, car moi aussi je prends ceux-là et je les fais grimper ici. Car moi aussi j'évite miroirs et vitrines. Car moi aussi je truciderais le coiffeur lorsqu'il vient me mettre son sale miroir dans la nuque après la coupe. 

Mes parents avaient un gimmick à eux: lorsqu'un chauve passait ils disaient: "c'est le temps qui court". Je n'ai jamais compris ce que cela signifiait mais ça les faisait sourire. 

Ils disaient qu'il y avait les bons chauves (leur ami Roland) et les mauvais (leur ami Jean et son frère sosie Régis). Je n'ai pas saisi la différence entre les deux. 

Enfin, sur les posters punaisés dans les chambres de mes sœurs il y avait Julien Clerc, Paul Newman, Robert Redford, Cat Stevens. Pas Sim. Pas de crânes chauves. 

Alors? les chauves revanchards du documentaire avaient souvent "la boule à zéro". Suis-je prêt à ça? 

Non. trois fois non. 

Et merde à la société de maintien des ascenseurs de l'immeuble qui les a équipés d'un miroir déformant et de lampes soulignant jusqu'au moindre poil de barbe oublié et qui fait à chacun une tête moche et à moi celle de Michel Blanc là où je voudrais celle d'Harrison Ford il y a quarante ans. 

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