Exit "le Canard enchaîné".

Je crois que je vais arrêter la lecture hebdomadaire du "Canard enchaîné".
C'était une histoire de famille: mon père l'achetait tous les mercredis et ma

mère n'en lisait que la critique cinéma qui était parole d'Evangiles à ses

yeux.
Un temps Nicolas attendait le vendredi pour l'acheter à Montréal.

J'ai l'habitude, depuis toujours de ce journal de dessins d'humour et de

textes caustiques en rouge et noir et sans publicité.
Depuis mon enfance j'ai sous les yeux, au milieu de la semaine ces bons

et ces moins bons mots, les éditoriaux de l'un et les textes de l'autre.

Pas une semaine ou presque sans ces affaires qui, à force de se répeter

et de n'avoir que peu d'écho finissent par vous les faire trouver normales.

Même chose pour les scandales, les arrangements avec la vérité, les

compromissions et les abus politiques de toutes sortes.
J'aimais bien la page 2 qui disait ce qu'on n'entend nulle part ailleurs:

les vacheries quotidiennes, les secrets et les inimitiés du monde politique.

Mais j'en ai assez.
Je constate que ce journal, né pour contrer la censure lors de la guerre de

14-18 est essoufflé.

Si quelques dessinateurs maintiennent un certain niveau d'excellence

(Pétillon, Lefred-Thouron) d'autres sont indignes (Cabu).
Le "Canard" retient ses coups tout en ne les retenant pas lorsque la gauche

est au pouvoir et ça donne un journal critique mais assez faux-cul.

En politique l'équilibrisme ça s'appelle le centre: avec Bayrou et ses gamelles

à répétition on voit que ce n'est pas une position stable!

Le Canard ressasse souvent les mêmes rengaines et adore les mêmes

choses depuis l'époque de Clémenceau ou presque.
Certes il s'intéresse de près à l'écologie et aux ravages des élevages et de

la culture intensives mais d'autres le font.

L'antimilitarisme et l'anti-nucléaire sont des positions estimables mais

insuffisantes en tant que viatiques.

C'est un désamour lent mais inexorable. Il me fallait une heure pour en

lire tout ce qui m'intéressait, moins d'un quart d'heure suffit aujourd'hui.
En comptant large.
Tout ce qu'on y trouve est sur le net, en mieux et sans jeux de mots ringards.

Et puis....

On sent trop les vieilles ficelles, les vieux messieurs déconnectés du temps.
Leur humour sent la naphtaline et leurs têtes de turc n'ont plus d'influence.
Il faut inventer un successeur réellement informé et réellement impertinent.
Et sans le beauf de Cabu qui finit par être le portrait robot de son lecteur de

base.