L'intitulé de la conférence m'a donné envie d'y assister. "Le musée, vitrine de notre société?" est un sujet qui, au moment où celui du quai Branly est consacré le plus visité de France, où celui d'Albi dédié au peintre natif de la cité, Toulouse Lautrec a été complètement refait et où un amateur du peintre n'y reconnaît pas les siens et ou celui d'Histoire naturelle de Toulouse (qui accueillait la conférence) laisse parfois sans voix tant ses partis-pris sont étranges.
Le conférencier était un homme de 73 ans qui a beaucoup réfléchi aux musées (surtout ethnologiques, sa spécialité universitaire). Jacques Hainard est Suisse et a délivré une parole intéressante, abordable, vivante et non dépourvue d'humour.
En une heure et demie de temps il n'était pas question d'aller au fond du sujet mais de donner envie de s'y intéresser et de creuser. Objectif parfaitement atteint.
Un survol historique du musée, un rappel de sa fonction, de ses fonctions et les polémiques récurrentes qu'il génère a été fait qui montrait clairement que chacun a pratiquement sa définition du musée et de ce qu'on doit y trouver.
Hainard a parlé du "pissoir" (urinoir) de Marcel Duchamp comme d'un point très important en art mais aussi en réflexion dans sa discipline.
La manière d'exposer les objets, la rédaction des textes scientifiques accompagnant ces objets et l'évolution de ce que le public vient observer ont beaucoup évolué et le concept "d'exposition cannibale" que le conférencier a initié au Musée d'ethnographie de Genève s'il ne manquait ni d'érudition ni d'humour m'a laissé perplexe.
A la fin du temps prévu le micro s'est baladé dans les rangs d'un public plus très jeune mais cultivé et élégant. Les questions volaient bas bien qu'elles partent des gradins les plus élevés.
La problématique qui revenait le plus concerne la restitution des objets d'art ou autres aux peuples à qui ils avaient été soustraits.
Hainard a botté en touche en rappelant que les peuples primitifs ne conservaient les objets que tant qu'ils leurs étaient utiles pour s'en débarrasser autrement.
La conservation, l'entretien et l'exposition d'objets d'autres civilisations étant très longtemps restée une entreprise européenne.