Le cinéma manque parfois d'originalité et le cinéma Français, lui, manque
singulièrement d'idées.
A moins que l'air du temps ne soit seul à incriminer? toujours est-il qu'après le
succès phénoménal des "Intouchables" nous allons de nouveau faire un triomphe
à un film sur une personne handicapée.
Tout est prévu pour, en tous cas.
La môme, alias Marion Cotillard va vous faire mouiller vos mouchoirs: amputée
des jambes elle tient le rôle principal du film "de rouille et d'os" que la presse
nous vend en long, en large et en travers.
Impossible de résister au rouleau-compresseur de la promo: tout n'est que
rouille, tout n'est qu'os et la prestation de Marion suscite les compliments
hyperboliques.
Son partenaire (dont je crois avoir compris que le torse body-buildé était son
atout d'acteur) bénéficie, lui aussi, de commentaires laudatifs assez unanimes.
J'ai du mal à comprendre comment ces campagnes de presse à l'artillerie
lourde n'éloignent pas des salles des spectateurs assomés sous les
louanges pour un seul film.
Je parlais ici de "Barbara", beau film sensible, intelligent et admirablement
interprété... Il n'a pas eu le millième de la couverture presse de "de rouille
et d'os". Pourtant il fait réfléchir et, sans s'apesantir sur les sentiments,
montre une humanité digne.
Est-il indispensable de ne pas avoir de jambes ou d'être hémiplégique pour être
humain? d'être bloqué dans une chaise roulante pour découvrir l'amitié? à voir
les films qui recueillent les suffrages de la critique cinématographique on
pourrait presque le croire.
Sans doute suis-je mauvais esprit mais cette histoire de dompteuse d'orques
et de ce boxeur à mi-temps me paraît tirée par les cheveux.
J'ai, comme tout le monde, beaucoup de dompteuses d'orques dans mes amis
proches et elles me disent avoir conservé leurs jambes intactes.
Preuve, s'il en fallait une, qu'on essaie de faire pleurer Margot à bon compte.