Jean Cocteau disait à peu près que les miroirs devraient réfléchir avant de
renvoyer les images.
C'est, de manière moins littéraire, ce que je pensais en regardant désabusé
le reflet de ma personne que le miroir de la salle de bains de Françoise me
renvoyait ce matin.
Un oeil injecté de sang, des poches sous les yeux, le cheveux rare et fin,
la peau zébrée de rides... si elle avait habité au 1er étage je me serais bien
jeté par la fenêtre. Elle habite au 5ème: faut pas déconner!
Sans jamais avoir été Apollon (loin s'en faut) j'ai été "pas mal" pendant des
années. J'avais un physique qui plaisait aux filles puis aux femmes et je
n'ai pas eu à mettre au point des stratégies compliquées pour séduire.
Essuyant peu de refus je m'enhardis et j'obtenais assez facilement ce que
je voulais.
La gent féminine est assez facile à contenter: s'il plaît à ma copine et à
Maman il n'y a pas de raisons qu'il ne me plaise pas à moi. Une sorte d'effet
de mode.
Si, en plus vous êtes "gentil" (au sens premier du terme), attentionné et
pas trop stupide les portes des gynécées vous sont ouvertes et les mille
plaisirs qu'ils recèlent sont pour vous.
Jusqu'à 45 ans même si la silhouette souffre du passage du temps, je ne
me suis pas posé de questions. Avec certain de mes amis nous constations
bien que les regards en biais (que nous aimions tant) nous étaient moins
réservés qu'auparavant.
Pire: lorsque je sortais en ville avec mon fils ce clone mal dégrossi et sans
expérience attirait les regards des plus jolies et des plus jeunes.
J'avais l'impression d'être la marâtre de Blanche-Neige et j'aurais cassé le
miroir et la tête de celui qui me démontrait que j'étais bel et bien devenu le
vieux machin que j'apercevais sans vouloir le voir, dans mon miroir le
matin.
Vanité que tout celà, "la beauté ne se mange pas en salade" et caetera
et caetera.
C'est une pensée de "nana" que celle de son apparence, ce qui compte
c'est la beauté intérieure... Je m'en fous d'avoir une belle rate ou un
pancréas magnifique!
C'est quand une certaine beauté physique est partie et qu'à votre
poignet ne brille ni Rolex ni Patek Philippe, que votre endurance en
boîte vous conduit aux alentours de 23H35 les bons jours, que vous
préférez une coupe de pousse-rapière à une Corona et que David Guetta
n'évoque pour vous qu'un monument de vulgarité et le vide sidéral les
jeunes, les moins jeunes et même les presque vieille femmes ont
tendance à aller voir au bar s'il n'y a pas mieux.
Je vendrais bien mon âme pour quelques années de moins mais
le Diable semble s'intéresser à tout le monde sauf à moi!
La solution, pour le moment, c'est de bannir les miroirs.