C'est amusant. Pour ceux qui ont de la mémoire il arrive à Stéphane Guillon ce
qui est arrivé à Coluche en 1981 et les années qui ont suivi.
Vulgairement parlant on dit qu'ils ont "attrapé le melon", c'est à dire qu'ils n'ont plus
aucun recul sur eux mêmes et qu'ils se donnent une importance qu'ils n'ont pas.
Dernière manifestation de cette perte des réalités le "complot de la RATP et du
pouvoir" qui aurait décidé de l'arrachage des affiches du spectacle de Guillon en
mai prochain à Paris.
Stéphane Guillon, à mes yeux, est un timide qui joue les matamores. Il est lui-même
surpris de son audace (et sans doute de son succès) et, du coup, en fait toujours
plus, au risque du ridicule.
Ainsi il se croit investi d'une mission et se croit obligé de se comporter en opposant
perpétuel et sans nuances du Président de la République. Attend t'on d'un humoriste
qu'il se conduise perpétuellement en opposant politique? je n'en suis pas persuadé.
C'est entendu ce Président ne mérite pas de tendresse mais des opposants
systématiques comme Guillon risquent d'atteindre le but inverse: le victimiser.
Pour une frange "légitimiste" de l'électorat ces attaques les confortent au contraire
dans l'idée de le réélire.
Guillon a sans doute trop d'activité pour prendre ce fameux recul: livres, spectacles,
invitations sur les plateaux de télévision, chroniques, participations.... débordé il ne
voit pas que ce qui faisait son succès se dérobe et qu'il ne reste qu'un clown plus très
jeune en voie de bedos-isation.
Et je parle naturellement du père Bedos, celui qui n'a été amusant que dans les années
soixante-dix. Mille neuf cent soixante dix. Pas mille-huit cent soixante dix (précision pour
ceux qui pensent qu'il a commencé sa carrière aux débuts de la IIIème République).