J'ai vu un film à la fois enthousiasmant et déprimant. Un film de cinéma qui est une merveille esthétique et un néant, un film habité et absent. Un drôle de film quoi.
Les critiques (Marianne, Le Monde, Liberation...) en disaient plutôt du bien en général et sur l'interprète (Michaël Fassbender) en particulier.
L'argument du film tient sur un ticket de métro parisien composté: un homme de 30/35 ans, vivant à New York est addict au sexe et l'arrivée inopinée chez lui de sa soeur (pathétique) va remettre (un peu) en question sa vie.
Faire 1H30 sur ce sujet il fallait oser ! C'est là où le réalisateur Steve McQueen (pas l'acteur qui est mort en 1981, un autre*) réussit un tour de force : il filme New York, il filme les gens, il filme le métro, un dîner au restaurant ou une chanteuse barrée qui interprète (très) lentemant "New York New York" et c'est beau. Il filme des entrées d'immeubles, des rues la nuit, un appartement vide ou des WC mais ça reste du cinéma. des belles images, recherchées.
C'est une impression étrange de se dire en permanence : "le film est vide, ce qui se passe à l'écran n'a aucun intérêt et pourtant je reste parce que c'est bien filmé".
Comme je le disais récemment, la maladie du héros implique que des scènes sexuelles soient longuement disséquées sur l'écran. Les amateurs du genre auront même droit à du triolisme démonstratif et à une relation sexuelle bruitée comme si on était sur le lit. Les appartements sans volets, stores ou rideaux qui nous intriguent, nous Français, ont leur raison d'être lorsqu'on est exhibitionniste et/ou voyeur à New York. D'ailleurs le cinéma-vérité n'est pas loin : l'acteur pisse ou se masturbe (presque) sur l'écran!
Drôle de film disais-je qui a des qualités cinématographiques indéniables au service d'un scénario étique. Que dis-je étique? infinitésimal.
En bref il ne se passe rien, ce qui se passe n'a aucun intérêt mais le metteur en scène a du talent. L'acteur principal, un mélange d'Ewan McGregor et de Sting n'est pas le bon acteur que les critiques encensent et qui a eu le prix d'interprétation (pour ce rôle) à la Mostra de Venise. Sans doute son implication physique (indéniable) a dû plaire au jury ? La bande son est belle. En VO, amusez-vous à compter le nombre de fois où le mot "Fuck" et ses dérivés est prononcé. On doit atteindre un record. Je voulais voir ce film et donc j'ai vu ce que j'attendais.
Je note qu'il démontre par a+b que notre "civilisation" est au bout du rouleau. Cet homme vit, travaille, baise mais sa vie est atroce de vide et d'ennui. Celle de sa soeur est la même, en pire, et, à part la jolie black qui vaut mieux que le reste, l'ensemble de l'humanité présentée dans le film mérite à peine de respirer tant leur existence est une honte. le "Shame" du titre ?