Parce qu'elle est absolument personnelle l'expérience de la douleur est difficilement transmissible.
J'ai trouvé pertinente la méthode éprouvée par laquelle les infirmières s'enquéraient de mon niveau de souffrance après une OTV: "sur une échelle de 1 à 10 où vous situez-vous?".
C'est, pour quantifier la douleur, un mode de représentation parlant et qui permet de bien la traiter.
Par contre c'est très insuffisant pour décrire les sensations exactes que suscite la douleur.
Personnellement, et lié à ma dernière expérience, je ne me voyais pas expliquer que je sentais ma jambe gonflée et trempant dans de la moutarde. Question de crédibilité.
A d'autres moments c'est l'image d'un étau qui me venait à l'esprit.
La nuit, dans un sommeil léger la douleur prend d'autres chemins: poivre, piment, écartèlement s'imposent à l'esprit endormi. Une douleur de 4 monte rapidement 2 crans au-dessus avec l’inquiétude de la nuit. On se voit avec des complications, des déchirements et l'amputation s'envisage comme un remède.
Comme on dit maintenant "le pronostic vital" n'a jamais été évoqué et l'opération subie est devenue banale et totalement maîtrisée. Comme l'est la douleur avec des dérivés morphiniques qui remplissent leur rôle, vite et bien.
Il y a une douleur résiduelle pendant l'immobilisation, due à l'intervalle que l'on doit respecter entre les prises de comprimés.
Pendant 6 semaines je me suis abstenu de poser le pied par terre, en appui, et depuis que j'en ai l'autorisation, une nouvelle douleur, profonde et de "friction des chairs" me taraude trop souvent. Le médecin m'avait prévenu: "vous étiez en lévitation (en quelque sorte) les réalités (la gêne et la douleur) vont se rappeler à votre bon souvenir!".
On le sait on "s'habitue" à souffrir et cette habitude en atténue les effets. Changer de douleur est par contre très inconfortable.