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26 septembre 2018 3 26 /09 /septembre /2018 07:00

J'ai vu, je ne sais où ni quand, un film dérangeant qui s'appelait, je crois, "la petite prairie aux bouleaux" ou quelque chose d'approchant. (j'ai vérifié, c'est bien le titre.)

J'aurais voulu ne garder de ce film rare et marquant que le souvenir de certaines scènes et les impressions ressenties en le visionnant la première fois: je n'ai d'ailleurs pas pu le revoir, un sentiment de "sacrilège" s'imposant dès les premières images.

La petite prairie aux bouleaux est la traduction approximative de Birkenau, l'extension du camp d'extermination d'Auschwitz. Le film, réalisé par Marceline Loridan-Ivens (2003) est une "fiction" tournée dans l'enceinte même du camp. Anouk Aimé en est l'interprète principale et elle est absolument PARFAITE. En effet elle n'est pas sympathique, pas évidente à comprendre, sèche, froide et "rugueuse". A rebours de la déportée de cinéma qu'on aime aimer. Dans le film Anouk Aimé n'est pas aimable. Elle n'a pas pardonné (comment le pourrait-on?) et elle en veut à la terre entière.

L'histoire est anecdotique (une déportée juive revient au camp où elle fut internée à l'âge de 14 ans et rencontre un jeune homme allemand empêtré dans sa honte, sa culpabilité et sa généalogie. Malgré cela et malgré le caractère abrupte de la femme une belle et complexe relation s'instaure entre eux.) la mise en scène imparfaite mais le film m'a profondément marqué.

Sa réalisatrice, Marceline Loridan-Ivens, qui est décédée la semaine dernière était cette drôle de femme aux cheveux fous et rouges qui avait raconté avec beaucoup de dignité ce qu'elle avait vécu. Son film était comme elle: surprenant, dérangeant, poétique, impitoyable mais tendre. On l'a revue récemment au moment de la panthéonisation de Simone Weil (elles avaient des numéros de déportées se suivant tatoués sur les avant-bras) et chez Busnel pour la sortie de son dernier livre il y a un ou deux mois.


Anouk Aimé, qui ne m'avait jamais touché jusque là y est éblouissante: belle, abîmée, rageuse mais vivante. Sa silhouette en long manteau noir m'a longtemps hanté.

C'est peut-être, pour moi en tous cas, le meilleur film consacré à cet endroit "où le destin de notre siècle saigne" comme l'avait écrit Aragon.

 

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