Dans la vie "normale" on ne vous fait guère de compliments. On n'en fait encore moins dans la vie professionnelle; partant du principe que si "on ne vous dit rien" c'est que vous faites ce pour quoi vous êtes (grassement) payé.
Il n'y a que dans les médias que les compliments saturent l'espace. J'ai dit deux mots ici de Claire Chazal qui ensevelit sous les superlatifs exprimant la qualité ses invités qu'ils soient plombier ou charcutier. On frémit à ce qu'elle dirait si elle recevait Pierre Soulages! le pauvre agoniserait sous les fleurs et les compliments. Ou plutôt non, car qu'elle que soit le domaine d'activité et les qualités professionnelles du "people" qu'elle a en face d'elle elle se pâme d'admiration.
Elle n'est pas la seule et son voisin de chaîne, Pierre Lescure, manie la brosse à reluire avec un soin admirable.
Prenez Francis Cabrel qui faisait son petit tour des médias à l'occasion de la sortie de son nouveau disque que tout le monde s'accorde à trouver magnifique, éblouissant, génial, splendide, exceptionnel, fabuleux et remarquable.
Le garçon, qui semble naturellement modeste et conscient de ses limites rougissait devant l'avalanche de propos laudatifs à son égard et à celui de sa dernière œuvre. Et il n'avait pas tort car sa chanson-hommage à son père était... comment dire? un peu cucul. un brin niaise. A côté de la plaque.
Ce qui n'a pas empêché les tâcherons de la télévision de hurler au génie en employant des mots qui eussent fait rougir Léo Ferré.
Et Cabrel est loin d'être un imposteur comme tant d'autres le sont.
Ces passages de la critique en mode admiration éperdue ont le don de m'énerver. Si on porte aux nues des ouvrages certes convenables mais guère plus c'est qu'on encense en douce des daubes indignes à longueur de chroniques et qu'on feint de trouver drôle un crétin pathétique comme Philippe Katherine et qu'on s'obstine à trouver des qualités au jeu d'actrice de l'ectoplasmique Charlotte Gainsbourg!