Quelquefois, comme tout le monde, je me pose devant la télé et, le cerveau en roue libre
et les muscles relâchés (à moins que ce ne soit le contraire) j'incurgite du programme
conçu justement pour rendre mon temps de cerveau disponible.
Hier soir, donc, le week end de Pâques n'ayant pas tenu ses promesses de dépaysement,
je me suis installé devant la soirée "Thema" d'Arte sur "le Diktat de la beauté".
La soirée s'organise un peu à la manière des Dossiers de l'écran, émission datant de la
préhistoire de la télévision (pensez ! on songeait à "instruire" le public): un film illustrant le
sujet puis un documentaire à la place du débat.
Le film ("Muriel") étant gentiment déjanté. Une galerie de personnages laids, veules,
stupides et mesquins. Un film autstralien qui démontrait sans erreur possible que
l'absurde american way of life sévissait en Australie comme partout.
De beauté il n'était guère question ou par la bande. L'héroïne étant une fille un peu
gauche, un peu grosse et un peu inadaptée rêvant de mariage et de "musique" d'Abba.
Le doc, par contre, illustrait jusqu'à l'absurde, ce mal de notre civilisation, qui consiste à
ne pas s'accepter et à confier aux charlatans de la mode, de la chirurgie esthétique, des
chimistes (biotox) et autres le soin de rectifier des physiques supposés disgrâcieux.
On voyait des pauvres filles suivant des régimes affamants, des jolies femmes se
faisant refaire les seins, le nez, les cuisses ou le ventre quand ce n'était pas l'ensemble.
A un moment une (jolie) allemande confiait son corps pour réfection à un abominable
Dr Faust, lui même refait façon monstre. C'était pathétique.
Je crains que le monde des apparences soit tel qu'il supplée à l'absence totale de vie
intérieure.
Toutes les personnes présentes dans ce documentaire témoignaient, à contrario, du
vides sidéral de leur boîte crânienne.
Toute sauf une mannequin de 23 ans qui s'était reprise un jour où elle s'aperçut que
se gâcher une journée pour compter combien de temps il lui faudrait pour éliminer un
chewing-gum à l'aspartame était peut-être un peu outré...