Comme je n'ai pas assez de soucis je m'en invente tout seul. Prenons les insomnies
par exemple. Dans ce cas je me dis que, si j'étais plongé dans le passé ou le futur,
dans un environnement hostile, je ne saurais pas réinventer la pile électrique, le
moteur à explosion, la lampe à incandescence ou même le grille-pains.
Je me vois entouré d'ennemis aux mines patibulaires me menaçant de me couper le
cou si je ne leur démontre pas, là, sur le champs, le principe du réfrigérateur ou celui
du lave-linge.
Naturellement je suis incapable de le faire et je suis angoissé par cette absolue
médiocrité qui fait que j'utilise mille appareils et objets dont je ne saurais pas expliquer
le fonctionnement et, souvent, encore moins réparer le machinisme.
Déjà changer une cartouche d'encre dans mon imprimante.....
Autre source d'inquiétudes: les livres que je lis et dans lequel le narrateur est infiniment
plus évolué que je ne le suis.
Par exemple je lis en ce moment le livre dans lequel Brice Fleutiaux racontait sa captivité
(en tant qu'otage) chez les Tchétchènes en 1999-2000*.
A chaque page il raconte ses stratagèmes pour survivre, être écouté et respecté par ses
geôliers, tenir le coup, garder le moral, analyser la situation.
J'ai l'impression que je serais incapable d'élaborer une technique de survie intelligente
comme il le fît.
A un moment il explique qu'il s'est refusé à apprendre le Tchétchène pour qu'à aucun
moment ceux qui le retenaient ne puissent penser qu'ils les comprenaient et ne se
méfient de lui.
Il raconte aussi comment il a confectionné un chargeur de batterie artisanal pour sa
caméra qu'il connectait directement sur la batterie des voitures, comment avec sa
connaissance rudimentaire du Roumain il traduisait en Russe puis se faisait
comprendre.
A plusieurs reprises, dans des moments très difficiles, il montre un à-propos qui lui
permet de s'en sortir dont je ne suis pas certain d'être capable dans les mêmes
circonstances (d'ailleurs je ne sais pas si je tiendrais 3 mois sans me laver, sans
me changer dont un dans une cache souterraine aveugle).
Bref j'ai des doutes sur mes capacités à résister à des situations périlleuses qui me
sortiraient du confort auquel je suis habitué depuis ma naissance.
Autre source d'inquiétude tout le week end, à l'occasion de la journée du disque on a
entendu des personnes interviewées dire qu'elles regrettaient le bon vieux 33t et le
son analogique, le son numérique n'ayant que peu de grâce à leurs yeux.
Mélomane, n'envisageant pas une journée sans musique, je n'ai jamais réussi à faire
la différence et ne regrette ce format que pour la lisibilité des pochettes.
J'aime bien les cd!je n'ai jamais regretté les rayures et les craquements du vinyl ni son
encombrement.
Quand j'étais enfant et que je lisais Robinson Crusoë je me projetais dans le futur pour
imaginer que je puisse un jour construire un fort et me débrouiller avec les moyens du
bord (l'expression est parfaite) pour installer mon campement.
Aujourd'hui je me demande si je saurais construire une clôture qui tienne...
J'ai lu qu'un hôtelier autrichien était resté 4 jours enfermé dans un ascenseur et qu'il ne
devait sa survie qu'au fait qu'il avait justement suivi un stage de survie.
...Je n'ai jamais suivi de stage de survie!
*Le livre est brouillon et mal écrit mais la brisure de la personnalité de son auteur est
perceptible. Ceux qui l'avaient lu n'ont pas dû être surpris qu'il se soit suicidé peu après
son retour.
** Les évènements de Boston, pour monstrueux, injustes et criminels qu'ils soient devraient
cependant nous faire réfléchir sur l'atroce guerre que la Russie de Poutine fait à la
Tchétchénie depuis des années. L'URSS n'est pas morte complètement. Son cadavre est
encore sacrément vivant!