Pourquoi ont-ils tué ma soeur? pourquoi ont-ils laissé mes enfants mourir de faim? pourquoi
ma femme est elle morte d'épuisement? pourquoi ne nous soignait-on pas? qu'avons nous
fait pour mériter de tels tourments? quel était le but qu'ils recherchaient? quelle société voulaient
ils créer?
Ce sont des questions que les survivants du génocide cambodgien perpétré sur leur propre
peuple par les maoistes-marxistes cambodgiens dits "Khmers rouges" se poseront à jamais
sans avoir de réponse.
Le procès qui débutait hier et qui concerne 4 loques indignes ne permettra sans doute pas de
donner des réponses à toutes ces questions.
L'évacuation en 48H de Phnom-Penh et des autres villes du Cambodge, incluant les malades et
les estropiés, les vieillards comme les nouveaux-nés ne peut avoir aucune explication logique.
Il s'agissait de l'interprétation à la lettre du catéchisme maoïste: "la ville est mauvaise".
Les habitants ont été évacués sans pouvoir revenir chez eux pour la plupart et sans pouvoir se
regrouper par familles ou parentèles. Dès la prise du pouvoir la souffrance, l'arbitraire, la cruauté
et la mort étaient présents.
Les massacres, la famine organisée (le riz était vendu à l'étranger pour "montrer" l'efficacité du
régime tandis que la population en était réduite à manger des racines, des serpents et des insectes).
La police politique a traqué tout ce qui, aux yeux d'un régime taré, était porteur de valeurs d'ancien
régime (personnes cultivées, archives, artistes, avocats, étudiants.....) traqué et assassiné.
Les Khmers rouges ont supprimé la famille (éloignement des couples, prise en charge des ennfants
par des brigades), érigé la délation en système (les enfants dénoncaient leurs parents), systématisé
la torture, les aveux extorqués, le recours à l'auto-dénonciation (pour justifier les craintes paranoïaques
d'un complot), affamé la population, commis des massacres dont tout le pays témoigne (les tristement
célèbres "Killing Fields" (Battambang, Pursat, Siem Reap, Sisophon...) et, en fin de compte et au bout
de 4 années de régime inhumain (qui a vu entre 1,5 millions et 2 millions de personnes mourir)
agressé le voisin vietnamien.
Moins de 4 ans. Songez que ce régime monstrueux dont les dirigeants ont été formés par le Parti
Communiste Français des années 50, a fait passer de vie à trépas des centaines de milliers
d'hommes, de femmes et d'enfants au nom d'une idéologie fumeuse et meurtrière que d'aucuns,
de nos jours, n'ont toujours pas abjurée ni condamnée.
Ricaner avec Vergès, absoudre les 4 vieilles momies jugées c'est insulter ces bébés dont on
écrasait la tête sur un arbre devant leur mère, ces adolescents qu'on étouffait en leur enfermant la
tête dans un sac poubelle et ces milliers d'hommes et de femmes qui ont été massacrés à coups
de manche d'outil et souvent qui ont agonisé des heures sous les rires des bourreaux.
Le génocide cambodgien n'est pas "médiatique". Il ne l'a jamais été. Le temps a passé, 1975-1979
c'est déjà loin. Le pays s'ouvre au tourisme, les habitants sont accueillants... raison de plus pour ne
pas oublier ce qui a été et qu'on devine parfois au détour d'une rue à Phnom-Penh ou ailleurs.