Je suis surpris qu'il n'y ait ni «Femen» ni féministe pour s'insurger contre l'abyssale connerie de la presse réservée aux femmes.
Du courrier des lectrices aux articles qu'ils contiennent l'indigence absolue des magazines féminins est pourtant le symbole de l'aliénation dans laquelle on tente toujours de confiner la femme.
Recettes de cuisine, horoscopes, psychanalyse de bazar, articles sur les «people», histoires édifiantes et publicités pour des articles ménagers ou de beauté font l'ordinaire de cette presse qui va du «Figaro Madame» en passant par «Femina», «Elle» et tant d'autres de moindre diffusion.
Le temps et les générations passent mais pour les propriétaires de journaux la femme reste cette bécasse qui ne pense qu'à se faire belle et qui attend le prince charmant.
La seule chose qui ait changé est la gueule du prince charmant, justement, qui est passé du style Ken super-musclé à Woody Allen puis à Vincent Cassel pour revenir à Ken super-baraqué.
Ah! les conférences de rédaction ne doivent pas amener les participant(e)s au burn-out! Les kilos en trop, «faut-il tout se dire», «je ne supporte pas son ex (ou ses enfants ou sa mère ou ses domestiques...)», «Belle cet été», «la sodomie fait-elle maigrir» et «Charlotte Gainsbourg dit tout»
constituant l'essentiel des sommaires de cette lamentable presse pour femmes.
Les conseils beauté, santé, jardinage et vie quotidienne le disputent aux conseils de bon sens. Tout cela est vain, léger et pour tout dire bébête et l'on se demande comment ces magazines peuvent faire pour trouver des lectrices chaque semaine, chaque mois, chaque année.
De temps à autres une femme se dit que ses consoeurs ne peuvent pas être aussi caricaturalement neuneus et essaient de lancer un journal avec des prétentions. «Causette» est de ceux là. Mais à part le ton un peu décalé et quelques articles des débuts il semblerait que la norme le ratrappe.
J'ai le souvenir lointain des «Cosmopolitan» que lisaient mes copines à la fin des années 70. Il me semble qu'il y avait une prise en compte des aspirations des nanas de cette époque qu'on ne trouve plus guère aujourd'hui. Lisez (chez le dentiste ou le coiffeur) un «Figaro-Madame» vous y trouverez des choses qui auraient plu à nos arrières grand-mères bourgeoises. Il faut se pincer pour croire que cette presse là s'adresse aux femmes de 2014.