Je préviens tout de suite que je ne fais pas partie de ces "belles âmes" qui victimisent
bourreaux, meurtriers, délinquants, violeurs, maquereaux et autres voyous.
Au contraire j'ai souvent du mal à leur trouver des excuses et je me fais violence pour
ne pas opter intellectuellement pour une politique de répression sans réflexion.
Ceci une fois posé je voudrais vous faire songer un instant à la honte qu'est le système
carcéral en France.
Il y a quelques semaines on a parlé, à propos du rapport du Contrôleur Général des
lieux de privation de liberté, de la situation exécrable des prisons dans notre pays et
des conditions de vie scandaleuses des prisonniers.
Dans cette époque médiatique on s'est révolté 5 minutes puis on est passé à autre
chose. Un petit reportage dans "le Grand Journal" de Canal+, un dans le 2OH de F2
un article dans le Monde et on embraye sur le mort de Koh-Lanta.
Je ne reviendrais pas sur ces reportages monstrueux, sur le manque d'hygiène, le
délabrement, la promiscuité, l'indigence médicale et relationnelle ni sur la vétusté
et l'arbitraire de ces lieux de privation de liberté: toutes ces conditions nous sont
connues et nous ont valu les réprimandes des associations internationales des
droits de l'homme et des intances européennes représentatives.
Pour moi il y a dichotomie à se revendiquer "pays des droits de l'homme" et posséder
l'un des pires systèmes carcéral d'Europe.
Il y a hiatus à donner des leçons au Président Obama à propos de Guantanamo et à
posséder des prisons dans les cellules desquelles 5 ou 6 personnes sont
emprisonnées dans 20m².
Je passe, de temps en temps, devant la prison ultra moderne de Seysse près de
Toulouse. Ce que j'en vois me fait penser aux tristement célèbres camps des pays
totalitaires. Miradors, filets anti-évasion par hélicoptère, fenêtres rappelant des
meurtières de chateaux-forts, univers minéral et déshumanisé.....
A chaque fois je réprime difficilement un frisson de dégoût.
Je n'ai, évidemment, ni solution ni baguette magique mais je crois que la prison est
et doit rester uniquement un lieu de privation de liberté. Par exemple je ne comprends
pas que les familles de détenu(e)s soient elles aussi destinataires de mesures
vexatoires, pénibles ou attentatoires à leur dignité. (fouilles, arbitraire, vexations)
Que la prison soit et ne soit qu'un lieu de privation de liberté exclut tout ce qui est
dégradant et avilissant et donc la surpopulation carcérale, le tout répressif,
l'incarcération systém(at)ique, la préventive qui dure des années, la prison qui
"accueille" les malades dont ne veulent plus les établissements psychiatriques,
la mixité des peines et des âges, les punitions corporelles, le "mitard", la camisole
chimique etc.
Nous, la population normale qui avons choisi de rester dans le rang ne devons pas
détourner le regard: si la prison renferme des fauves et les laisse le rester nous ne
devons pas nous plaindre des récidives. Nous les avons induites par notre paresse.