Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 07:11

J'ai entendu, ce matin, une longue et intéressante interview de Hervé Ghesquière qui

fut, avec son homologue journaliste stéphane Taponier, retenu en otage par les

Talibans d'Afghanistan pendant 547 jours.

L'homme n'est pas un "rigolo" ni un acharné du vedettariat. Il parle brièvement et ne

mâche ni ses mots, ni ses colères.
Il travaillait pour l'émission de FR3 "Pièce à conviction" qui, c'est le moins que l'on

puisse dire, ne s'est jamais signalée pour son goût de la gaudriole ou de l'à-peu près.

 

Même s'il est obligé de nuancer -et ça lui coûte- son propos il n'a toujours pas pu

avaler  les mises en causes monstrueuses de leur action par le Président de la

République d'alors, le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant, n'hésitant

pas à déclarer que les otages (leur condition au moment où Guéant parlait) "faisait

courir des risques à nos forces armées", Jean Louis Georgelin Chef d'état major des

armées qui, au même instant déclarait: "la recherche (des otages) a coûté plus de

10 millions d'euros" et Bernard Kouchner -qui partageait avec BHL le ministère des

affaires étrangères!- dire: "il leur faudra s'expliquer".
Sous entendu: "ils sont responsables de leur kidnapping".
Hervé Ghesquière s'expliquait sur sa présence sur le terrain ("le rôle par définition d'un

reporter"), sur son besoin d'avoir un autre son de cloche que celui des armées (10 jours

avec les militaires, il était temps d'avoir au moins 1 contact avec les autres) et leur

professionnalisme.

Que serait, en effet, la conscience professionnelle d'un reporter qui ferait son travail en

ne se basant que sur les récits des militaires?
Depuis l'affaire Dreyfus on sait que la parole des militaires est parfois...Sujette à

caution!


En fait, dans cette affaire d'Afghanistan, la France a perdu 88 hommes et n'a rien sécurisé

du tout. Les militaires se gargarisent de grands mots et de nobles missions mais ils ne

servent à rien et sont constamment menacés, où qu'ils se trouvent.

 

La démonstration en 3 points ("les américains devaient ouvrir une route en Kâpisa, les

anglais la goudronner et les Français la sécuriser, seuls les deux premiers ont tenu leur

engagement") qu'Hervé Ghesquière a faite est éloquente.


Le "gouvernement" Karzaï est aussi légitime que le roi des Babas O'Rum et les politiques

d'alors couvraient tout du moment que ça ne fasse pas de vagues.
Il fut incroyable (et ça le reste) d'entendre le 1er personnage de l'état critiquer des otages

alors que leur vie était menacée et tout autant d'entendre d'autres voix de responsables

jeter l'anathème sur des prisonniers malmenés.
Enfin Hervé Ghesquière a "craché le morceau": oui, ces prises d'otages sont une affaire de

gros sous et de banditisme. Dans tous les cas il y a versement d'une rançon et échange de

prisonniers.
A part pour Michel Seurat qui est bel et bien mort en tant qu'otage au Liban les prisonniers

sont, selon Hervé Ghesquière, un objet de grande valeur ("la poule aux oeufs d'or") car ils

permettent d'obtenir de la reconnaissance (on parle des ravisseurs), de l'argent et des

échanges de prisonniers.
Tout celà méritait d'être dit. Je n'ai jamais cru aux protestations d'innocence de Charles

Pasqua et de tant d'autres qui assuraient, la main sur le coeur, qu'ils n'accepteraient

jamais de verser une rançon. Maintenant je sais que j'avais raison, intimement.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Les bonnes feuilles du Poirier
  • : Le blog d'un Toulousain très critique sur l'actualité, et vachement calé en histoire en plus.
  • Contact

Stats

Visiteurs Uniques depuis le 22 Mars 2013
(18274 Visiteurs Uniques depuis sa création)

 

Il y a    personne(s) sur ce blog

 

Blog créé le 8 Décembre 2009

Pages