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20 mars 2017 1 20 /03 /mars /2017 07:00

Sur les conseils d'un ami je me suis procuré l'édition de poche récemment publiée du "brulôt" de l'automne dernier: "Un président ne devrait pas dire ça..." de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, journalistes du quotidien "le Monde".

C'est un gros livre (820 pages) et j'en ai déjà lu les trois-quarts. Lu avec plaisir, dois-je le préciser?. Je suis très étonné de ce qui en a été dit au moment de la sortie. Non qu'on ait inventé des choses mais on en a isolé certaines et insisté sur d'autres en passant à côté de deux ou trois points -à ce stade de la lecture du livre- très importants.

Ainsi, comme d'habitude les travers habituels des médias se sont manifestés: goût du scandale et simplification extrême. D'un livre touffu au contenu dense on aura retenu le portrait peu flatteur de certains et quelques détails sans importance mais qui "feraient le buzz". Le livre est dense et la présidence de François Hollande décortiquée dans tous ses aspects. Le bon et le mauvais y sont expliqués et la durée et la densité des entretiens devaient, on le conçoit, permettre de réajuster l'image de la présidence. La presse (et le public) ne l'ont pas permis qui ont déjà jugé et condamné un président qui aurait mérité un peu plus de justice et d'équité.

On a donc négligé des informations contenues dans le livre, et non des moindres, qu'on en juge. Et l'on a fait des fixations sur des choses importantes certes mais pas au point où on l'a dit.

François Hollande est un homme fidèle à une ligne politique qu'il décrivait au début des années 80 dans le quotidien socialiste défunt "Le Matin" sous le pseudo transparent de François Holland. Cette ligne politique est appelée aujourd'hui "social-libéralisme" mais elle a été connue sous d'autres noms: Delorisme, social-démocratie, gauche américaine etc.

Il a sciemment lié sa réélection à l'inversion de la courbe du chômage et a cru jusqu'à la fin que celle-ci s'inverserait. Contrairement à d'autres (Sarkozy, Montebourg....) il a essayé.

Le rapport entre les Français et le président Hollande n'a jamais été bon: autant le candidat à la présidence avait pu séduire autant le candidat n'y est pas parvenu. Il y a dans le livre des explications pénétrantes de ce désintérêt puis de ce rejet .

Le caractère de François Hollande, sa personnalité et ses attentes sont difficilement compatibles avec la présidence d'un pays à notre époque.

Il y a une cohérence et une logique dans les décisions prises par le président qui n'a pratiquement jamais été soulignée par une presse qui n'a que la journée comme unité de temps.

A l'international la France bien sur mais aussi la Grèce ou l'Ukraine lui doivent beaucoup.

Faute d'avoir su l'imposer le respect dû à la fonction, sinon à l'homme n'a pas été établi. Les affaires Léonarda, l'attitude  des "frondeurs" et d'entre eux celle, inqualifiable d'Arnaud Montebourg, signent les pages passionnantes d'un chapitre du livre.

Les rapports de François Hollande avec Ségolène Royal et Valérie Trierweller sont éclairants sur la manière de concevoir une riposte (ou de n'en pas concevoir une!) du président.

la rivalité avec son prédécesseur est expliquée par Hollande lui-même et ses arguments sont intéressants et dépassent le cadre d'une jalousie scolaire telle qu'elle est souvent décrite dans des articles réducteurs.

Sa vision du front national et de sa dirigeante, de ses progrès électoraux et de son programme aussi mérite largement de lire ce qu'il en pense et dit.

Sa confiance en une bonne étoile qui, effectivement a longtemps existé avant de s'éteindre brutalement à l'arrivée à l'Elysée est aussi intéressante.

Il ressort de cette lecture (et de la vision du documentaire diffusé par FR3 mardi 14 mars "François Hollande le mal-aimé") un sentiment d'incompréhension sur l'impopularité jamais démentie d'un homme qui, contrairement à son prédécesseur, n'a écrasé et blessé personne sciemment pour arriver. D'un honnête homme persuadé de faire ce qu'il faut pour le bien de son pays et qui n'a jamais su apprivoiser réellement les faiseurs d'opinion, malgré une passion du journalisme qui lui a sans doute masqué son vrai visage dans la deuxième décennie des années deux mille disons-le une sorte de regret pour "l'injustice" qui lui est faite et une déception: que si peu fasse un bilan équilibré et objectif d'un mandat certes pas réussi mais moins catastrophique qu'on ne le prétend.

Le "hollande-bashing", qui était prévisible après la haine qui avait entouré le quinquennat de Sarkozy a viré au mépris puis à l'indifférence.

je prends le pari que dans moins de dix ans François Hollande et sa présidence seront regardés avec indulgence et... regrets.

Je persiste et signe!

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