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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 07:00

J'ai de la chance: je vais très rarement à des obsèques. Je le reconnais avec plaisir je n'ai pas beaucoup été de corvée, jusqu'ici, et ce moment pénible m'a considérablement été épargné.

Hier lundi 14, dans la petite ville d'Ariège où je me suis remarié il y a 3 ans j'ai assisté à l'enterrement d'une relation familiale, un homme au caractère difficile dont peu regrettait le départ.

Les rites et les ornements funéraires français sont très laids et "pompeux" (d'où le nom de "pompes funèbres"?) et la cérémonie est longue et ennuyeuse. Les mêmes choses sont répétées à satiété. Le corbillard est désormais gris et grenat et décoré comme une vitre de saloon. Les employés mortuaires (en tous cas ceux d'hier..) très négligés (coiffure grotesque, tatouages) et désinvoltes: ils ne rient pas à gorge déployée mais s'ennuient ferme et observent les présents pour moquer ceux qui dépassent.

Le défunt ayant presque 8 décennies au compteur et une personnalité râpeuse à souhait; celles et ceux qui l'accompagnaient à "sa dernière demeure" (un triste cimetière de petite ville entre voies ferrées, ligne à haute tension et routes) avaient déjà fait plus de la moitié de leur vie et abordé la partie avec douleurs et maladies chroniques. Calvities et cheveux courts.

A l'église, où, bien qu'on soit en mai il faisait un froid de glacière, quelques lampes et des chauffages grillant la nuque avaient été allumés. L'officiant, un diacre à ce qu'on m'a dit, était du genre tolérant et n'a cessé d'excuser ceux qui ne croyaient pas ou plus.

Le discours sur les qualités du décédé était habile mais, en creux, on sentait les avanies qu'il avait imposées à ceux qui le côtoyèrent et le soulagement qu'il ne puisse en faire d'autres.

Digne et sincèrement triste la veuve rythmait les actes des uns et des autres de ses sanglots étouffés. J'ai pensé à Brel ("celui des deux qui reste se retrouve en enfer").

A la sortie de l'église, après une cérémonie sans communion assez courte et cependant très digne il y a eu cette séquence gênante des condoléances. Qui a pu inventer une situation aussi insensée? et le cahier de doléances? à quoi cela sert-il?

Après, chacun s'est égaillé en voiture et sous une pluie de novembre, vers le cimetière où attendaient, au garde à vous, la dame de pompes funèbres (qui ne boit pas que de l'Orangina), les trois ou quatre croque-morts et le croque-mort chef en rang d'oignons à la grille sur laquelle ils avaient mis une plaque: "inhumation en cours".

Le dérisoire toujours.

 

 

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