Même dans mon cher Sud-Ouest, à cause du Covid-19 les gens se regardent de travers et tout indique, quand on croise quelqu'un, qu'il se pose la question qu'on se pose au même moment: "c'est celui-là qui va m'infecter?".
C'est absurde parce que nous sommes souvent masqués, que nous avons les mains crayeuses à force de les frotter au gel hydro-alcoolique, que nous utilisons plus de savonnettes en une semaine qu'en un trimestre autrefois et que nous désinfectons tout à l'alcool à 70° dès que nous rentrons à la maison. Mais c'est plus fort que nous, nous prenons tout le monde pour de potentiels postillonneurs et la réciproque est vraie!
C'est ainsi que la paranoïa est devenue, avec la parole libérée (pour dire tout et son contraire), bien avant la perte d'odorat, de goût, la fièvre ou les complications respiratoires, la première manifestation visible de l'infection.
Quand on se surprend, à 23H54, en slip dans le salon à frotter sa carte bleue et son portefeuille au kleenex trempé d'alcool le mal est fait, même si on est à 36°9 de température interne!
Chaque commerçant qui multiplie les précautions devient un "ennemi", une personne hostile qui ME soupçonne d'être malade, porteur du virus, sale peut-être, et pire encore.
Mon argent, mes mains, ma bouche... tout devient une arme avec laquelle je suis une menace mortelle. Des deux côtés la sympathie se réduit à rien.
Et nous, Français, déjà rogues de tempérament, nous sommes imbattables lorsqu'il s'agit de guerre civile, même mimée. Ce virus abject nous donne l'occasion de rejouer nos plus grands succès: la discorde, la haine de soi, la division, la méfiance, la délation, le cavalier-seul, la jalousie et l'impréparation...
En cela le "virus Chinois" de Trump aura été un véritable fléau. Et pas uniquement par le nombre de ses victimes.