Quand elle le veut la télévision est capable du meilleur.
Installé depuis peu dans un nouvel appartement partagé la télévision est plus souvent allumée et je ne veux pas jouer les dictateurs en commentant avec malveillance ou même en quittant la pièce avec fracas.
La semaine dernière j'ai vu un portrait -laudatif mais pas que- de Jacques Chirac réalisé par l'éprouvant Frantz Olivier Giesbert. Sympathique et assez objectif. La querelle brutale et définitive entre Giscard et Chirac n'a pas été l'objet, selon moi, d'un développement suffisant mais le document était plus proche de "Closer" que de Jean-François Revel. La participation de l'excellent Philippe Alexandre est cependant un signe de qualité et l'ensemble était équilibré.
Le lendemain mardi c'est François Mitterrand qui était à l'honneur et la "tontolâtrerie" gardait quelques reliefs. Longuement interviewée Dominique Bertinotti était la vestale du culte et l'on s'est gardé d'égratigner la statue. Peu d'informations nouvelles mais le rappel d'une époque et d'un homme qui ne furent pas insipides. Et le rappel des mensonges d'Etat dont la maladie sue mais tue dès 1981 heurtait toujours; d'autant plus que les mêmes qui l'avaient cachée continuaient à se féliciter de l'avoir fait. En France la démocratie et la vérité ont droit à quelques accommodements...
Du doc de mardi que j'ai vu ultérieurement grâce à Pluzz Arte je suis sorti dubitatif: il concernait le "Mein Kampf" d'Hitler et sa possible republication maintenant qu'il est dans le domaine public (la loi allemande dit qu'il faut attendre 70 ans après la mort d'un auteur pour qu'un livre le soit).
Hitler mort en 1945 le 1er janvier 2016 son brûlot répugnant sera "éditable" par qui le voudra.
L'histoire de ce livre et de sa réception étaient intéressantes mais un peu bâclées. On restait, si j'ose dire, sur sa faim avec de nombreuses questions en suspens.
Mercredi dernier Arte encore diffusait les 2 premiers numéros d'une série-maison sobrement intitulée "les aventuriers de l'art moderne". Picasso était le pivot de ces films d'archives et d'animation très originaux et foisonnant d'images et de mouvements. On en apprenait plus sur Matisse (dont l'amitié-rivalité avec Picasso faisait penser à Amadeus et Saliéri dans "Amadeus" de Milos Forman), Max Jacob (personnage dont je veux lire la bio), le marchand d'art Vollard, Marie Laurencin, George Braque et le personnage incroyable de Guillaume Apollinaire. Sans oublier les péripéties du Bateau-Lavoir et les muses de ces messieurs.
L'aventure du "fauvisme" et celle du cubisme était expliquée de manière à la fois claire et sans pédanterie. C'est en effet souvent le reproche que l'on peut faire à la chaîne Franco-Allemande: elle est parfois trop "pointue" voire élitiste. Il y a ceux qui savent et ils s'adressent à des pauvres gens ignorants..
Rien de cela avec "Les aventuriers de l'art moderne" et, au final, une forte envie de se replonger dans la période bleue, dans l'aventure du Montmartre et de Montparnasse des années 1910 et de s'intéresser plus avant à Apollinaire, à Max Jacob et à cet incroyable génie que fût Pablo Picasso.
J'imagine que, pendant qu'étaient diffusés ces programmes de qualité les habituelles daubes l'étaient aussi: il en faut pour tous les goûts et cette semaine au moins la télévision méritait moins son surnom de "boîte à conneries".