Lionel Duroy a écrit un bon livre consacré au général Paulus qui dirigeait la VIème armée Allemande à Stalingrad en 1941-1942 et qui se rendit aux soviétiques, contre la volonté d'Hitler qui l'avait fait Maréchal en espérant qu'il se suiciderait plutôt que se rendre.
Ce n'est pas une biographie mais un roman dans lequel l'écrivain se met à la place de Paulus et nous renseigne sur sa pensée, sur sa réflexion et sur ses responsabilités.
L'épisode de sa reddition est bien connue; comment l'idée s'est imposée à lui est imaginée par l'écrivain et semble tout à fait plausible. Un dilemme considérable s'est emparé du général quand il a compris que le dictateur lui demandait de sacrifier jusqu'au dernier les soldats allemands qui ne parvenaient pas à prendre Stalingrad: se rendre ou mourir alors qu'Hitler exigeait la seconde possibilité pour ses hommes et leur chef. Paulus fut confronté à un drame de conscience très difficile à résoudre. Soldat il devait, pensait-il, fidélité absolue à l'homme désigné par le peuple pour le diriger. Mais en chef militaire il comprit vite que ce dirigeant envoyait plus de 300 000 hommes à une mort certaine. C'est pourtant cette seconde possibilité qu'il choisit, par fidélité à son engagement.
L'auteur du livre fait un parallèle (il l'a dit en interviews) entre les généraux russes contemporains en Ukraine et Poutine qu'il compare à Hitler. Duroy pense que Paulus n'était pas un criminel de guerre (il s'est opposé aux massacres de juifs et de commissaires du peuples sur le front russe) et que sa conscience lui interdisait de sacrifier ses hommes.
Paulus refusa de se suicider et se rendit au grand dam d'Hitler. Prisonnier des Russes il fut emprisonné et passa la fin de la guerre en URSS. Il témoigna au Procès de Nuremberg et fut libéré trois ans avant sa mort. Il vivait alors en RDA, la partie de l'Allemagne communiste.