Arrive un moment où l'harmonie qui allait de soi fait défaut sur des détails de la vie à deux. Ce ne sont pas des éléments importants et ils ne remettent pas en cause l'édifice. Ils sapent cependant, lentement, ses fondations. Ce sont d'abord des habitudes installées qui, subitement, ne sont plus tolérées. Des gestes, des attitudes de l'autre qui agacent là où elles charmaient. Un faisceau de contradictions et d'énervements passagers qui viennent à la conscience sans que l'on s'en alarme.
Ces petites manies auxquelles on ne prêtait pas attention, ces réflexions qui ne plaisent plus, ces réactions prévisibles qui disent que la relation évolue vers autre chose, moins consensuel.
Une chaussure qui traîne, un tube de dentifrice mal rebouché, une musique trop ressassée, une fenêtre fermée quand on la voudrait ouverte, une confiserie dégustée sans autorisation, une remarque qui "ne passe pas"... la liste est infinie de ces soudaines habitudes qui posent un problème nouveau. Quand l'autre est tellement inclus dans notre vie que l'on prend conscience, à l'occasion d'une absence par exemple, qu'il s'agit plus d'un fait accompli que d'un choix renouvelé.
Jusqu'ici on supportait tout de l'autre (enfin. Presque tout) et on y trouvait du plaisir. Lentement nous nous sommes lassés de certains actes quotidiens, de preuves vivantes de la présence de l'autre à nos côtés. Ce sont, je le répète, des détails qui pourraient être insignifiants mais qui, mis bout à bout, révèlent que l'amour initial n'est plus et qu'une cohabitation entre personnes qui s'aiment et s'entendent bien s'est imposée à sa place. Ce qui faisait le charme de l'autre, sa présence, son rire, ses tics même deviennent sinon pesants du moins décelables.
Ce moment là coïncide avec la possibilité d'une entente différente ou, au contraire, par le constat que l'affaire va vers sa fin.
Lorsque l'on répond oui pour avoir la paix et qu'il s'agit d'un renoncement plutôt que d'un consentement, lorsque l'on n'écoute l'autre que d'une oreille, on est sur la pente descendante.
sauf si les deux sont dans ce cas et décident de mettre un terme à l'aventure que fut leur liaison, officielle ou pas.
Comme je suis un homme généreux et que j'aime bien partager je donnerais quelques exemples de ces "décrochages" qui sont des sonnettes d'alarme pour ceux qui les détestent: l'ennui d'entendre l'autre raconter une nouvelle fois une anecdote usée jusqu'à la corde. Lorsqu'on ne reconnaît pas l'autre dans les qualités que d'autres lui trouvent, lorsqu'on le-la regarde en détail et sévèrement, lorsqu'on cesse d'écouter ce qu'il elle raconte tut en faisant semblant d'être attentif, lorsqu'on se désintéresse de sa famille....
Et tant d'autres choses!