Je lis en diagonale et avec des pincettes le livre "Rock" de Philippe Manoeuvre. Lors de sa sortie en librairie on en avait -un peu- parlé et le mec est un des rares à savoir de quoi il parle dans cet hexagone rétif à toute musique en général et au rock en particulier.
Manoeuvre cède souvent à la facilité et admire à grands traits des déjantés dont l'art de faire parler d'eux est l'unique titre de gloire. Il connaît beaucoup de musiciens, de groupes, d'histoires, de légendes et sait "faire monter la mayonnaise" mais une fois encore ces fragments de biographie sont inintéressants au possible. Être célèbre dans le milieu du rock n'roll se limite, dans le désordre, à partouzer, picoler, se piquer, se shooter, fumer tout et n'importe quoi, essayer tout en même temps, ne jamais dormir, être pris en charge par un milieu qui ne voit en vous qu'une "poule aux œufs d'or", perdre rapidement tout sens des réalités, voir s'effondrer votre potentiel créatif, répéter toujours les mêmes choses (taxi, scènes anonymes, hôtels 5 étoiles, télés, interviews....) être malade, vomir, être coupé du monde et sortir des disques de moins en moins inspirés..
Pour ne rien dire de la solitude des personnes en vue qui n'ont souvent plus d'amis et dont la famille résiste presque seulement pour les retombées financières.
Les mémoires de Keith Richards ont donné le "la". Vous avez lu un de ces pavés signé d'une star mais écrit par un prête-nom vous les avez tous lus.
Frenchie, Manoeuvre n'oublie pas la "scène française" qui, je ne crains pas de le dire, est nulle à 95%. Ses portraits de Polnareff, de Johnny ou de Gainsbourg sont pathétiques. Absolument navrants. Dire que ce sont les meilleurs!!!! que doivent être les autres? Joey Star, leader de "NTM" (Nique ta mère) est idolâtré et se voit portraituré en poète inspiré!
Manoeuvre admire le milieu du rock, ceux qui en vivent, ceux qui gravitent autour et les gens de la télé qui en parlent. Personnellement je ne passerais pas une journée avec une de ces personnalités qu'il admire tant et qui sont plus ennuyeuses qu'un 11 novembre.
Il a des parti-pris. Gainsbourg EST génial. Gainsbourg, selon moi, a eu quelques années d'inspiration (grosso modo de 1967 à 1975) puis est devenu une caricature pesante de lui-même. Le récit de ses derniers jours est atroce. Finir en épave gênante: quelle déchéance!
Admirer, je cite, "la liaison amoureuse de 94 jours qu'il aurait eue avec Brigitte Bardot" est infantile et bébête...
Manoeuvre est amusant quand il "décrypte" en direct le clip de "Free as a bird" à la télévision ou quand il est pris par son sujet face à un contradicteur. Le reste du temps c'est un adolescent attardé qui n'en revient pas de se souler avec des paumés célèbres.
Même en édition de poche le livre ne vaut pas son prix.