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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 07:00

Il faut, parfois, regarder en face la connerie, la jalousie et la méchanceté à front de taureau du peuple. Quand on lit la fin de la Monarchie en France entre 1791 et 1793 on a parfois peine à comprendre les tombereaux d'ordures versés sur les ci-devant Louis XVI et Marie-Antoinette. Aux yeux de la Révolution, c'est à dire de son point de vue, il ne fait aucun doute qu'ils étaient coupables l'un et l'autre, par le principe qu'ils représentaient et aussi par leur communication avérée avec l'ennemi. Etait-il nécessaire de leur infliger un véritable calvaire avant de les exécuter? je ne le pense pas. Mais j'ai compris le mécanisme qui, de leur représentation en porcs, en libertins obscènes, en dépensiers forcenés les déshumaniserait et permettrait plus tard de les guillotiner sans craindre qu'ils aient des défenseurs.

On connaît tous le sursaut de l'ex-souveraine lorsque le tribunal révolutionnaire l'accusa d'inceste avec son fils. son "J'en appelle à toutes les mères" était le cri indigné d'une personne outragée.

Pourquoi en suis-je venu à évoquer le fantôme de Trianon? parce que j'ai vu un parallèle entre la haine du peuple de 1789 et celle d'aujourd'hui dans un document sur Brigitte Macron diffusé sur BFM TV et qui m'a montré sans fard que les circonstances pourraient ranimer les mêmes excès, la haine meurtrière conduire à la même violence. 

Brigitte Macron est la femme du 8ème Président de la V ème République. C'est tout. Elle n'a pas été élue et son rôle n'existe pas car la constitution de 1958 n'en dit rien. C'est une femme issue de la bourgeoisie aisée de province (région du Nord) qui a travaillé comme professeur de Français dans des établissements renommés. Elle s'y est distinguée par une réputation flatteuse et aussi pour avoir épousé un de ses élèves. L'affaire Gabrielle Russier n'a apparemment pas suffit à faire taire les imbéciles.

Cet élève surdoué est devenu ministre de François Hollande puis a été élu, en 2017,  Président de la République à l'âge de 39 ans.

Son quinquennat n'a pas permis de résorber la fracture sociale et les antagonismes entre Français se sont au contraire développés jusqu'à l'irruption des "Gilets Jaunes", une jacquerie charriant le meilleur et le pire.
Le pire étant une haine incompréhensible et démesurée pour le Président et sa femme. Couple présidentiel abusivement comparé à celui de Louis XVI et Marie-Antoinette avant 1789.

Cette dernière étant la cible de mufleries incompréhensibles. Le Président savait à quoi il était exposé, pas elle. Des injures ordurières liées à son âge ou à son physique étaient brandies sur des panneaux. De quoi être gêné pour ces manifestants sans dignité. Le Président a été élu pour 5 ans, a une majorité électorale, respecte la Constitution, rend régulièrement compte de son action et, s'il est parfois maladroit dans son expression, n'est ni le Prince de Polignac ni le Comte d'Artois!

Ce qui m'a mis le plus mal à l'aise  est la conjonction des insultes contre une femme venant aussi bien du peuple Français que de chefs d'état étrangers; Bolsonaro, mais aussi son ministre de l'économie,  l'affreux Trump et d'autres ont fait des commentaires orduriers dignes d'une école primaire. Les slogans sur l'âge de Madame Macron, sur son apparence physique, sur le couple qu'elle forme avec le Président et sur ses origines sociales démontrent la fragilité de notre sens de la démocratie et indiquent un manque de maturité de la presse comme du peuple. Une immaturité politique doublée d'un infantilisme inquiétant.

Les "tricoteuses" des ronds-Points n'ont pas oublié la mort de Madame de Lamballe...

Mettre en parallèle la baisse de 5€, mesure gouvernementale, de l'allocation-logement et l'installation d'une piscine hors-sol pour 30000€ au fort de Brégançon est non seulement idiot mais complètement anachronique. "On" l'a démagogiquement reproché à Brigitte Macron.

Ce document, inutile et creux avait sans doute à cœur de rendre sympathique la "première dame de France" qui  ne mérite assurément pas la cruauté verbale dont elle est la cible a, chez moi, atteint son but. Il m'a fait reprendre conscience que des forces mauvaises sont toujours à l’œuvre.

On aurait tort de les mésestimer.

 

 

 

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25 janvier 2022 2 25 /01 /janvier /2022 07:00
Piano ce soir à la Halle aux Grains.

Ce mardi 18 janvier 2022 il y avait la foule des grands jours aux abords de la salle de concerts de "la Halle aux Grains". Le pianiste Evgeni Kissin donnait un concert devant une salle bondée. Des connaisseurs mais aussi des mondains venus... se faire voir.

Il faisait un froid intense et les formalités d'accès aux galeries puis aux sièges numérotés étaient prolongées. . Des cerbères faisaient semblant de contrôler tous les passes sanitaires anti-Covid et regardaient distraitement en s'éclairant d'une lampe de poche l'intérieur des sacs des dames. Chacun arrivait à sa place frigorifié par l'attente dehors et avant le concert de musique nous eûmes droit à un concert de toux du meilleur effet.

Les lumières baissèrent d'intensité et les toux aussi. Le pianiste Russo-Britannique-Israëlien arriva. Une allure étonnante: costume léger à pattes d'éléphant, chaussettes transparentes noires des années 80, coiffure improbable (on aurait dit qu'il avait une peau de castor teinte sur le crâne). Il se jeta sur le piano et entreprit de le démolir en tapant dessus comme un sourd.  La Toccata de Bach nécessitait-elle un tel déchaînement de forces? oui si j'en juge par l'ovation du public qui comprit séance tenante que les applaudissements réchauffaient les mains! Après cette entrée en matière brutale et peu conventionnelle le jeu du pianiste devint harmonieux et le récital superbe.Bach, donc, Mozart (évidemment), Chopin (naturellement) et Beethoven étaient au programme.

Chaque morceau de musique était applaudi comme si Evgeni Kissin l'avait lui-même composé!

A ce que je croyais être la fin du concert, deux heures après son commencement, des applaudissements-rappels-tape des pieds-tape des mains introduisaient le retour du pianiste, des saluts qui n'en finissaient pas et une interprétation d'une pièce de musique "improvisée". Et ça durait, ça durait...

Les téléphones portables ne se cachaient plus et filmaient... l'ovation. (quel intérêt?). Au quatrième rappel j'ai réussi à me frayer un chemin et suis sorti. Dans la rue on entendait encore le public.

Un peu exagéré? sans doute. Folklorique? certainement. Sans conséquence? assurément.

Je retourne à la Halle aux grains vendredi. Hélène Grimaud sera au piano. Il faut croire que ce cérémonial me plaît?

 

 

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24 janvier 2022 1 24 /01 /janvier /2022 07:00
Débat à la con

J'ai assisté, amusé d'abord, exaspéré ensuite puis quitté un "débat" (France 5, C'Politique 23 janvier 22) sur les médias et les milliardaires qui les détiennent.

Comme le disait le regretté Jean Ferrat c'était un exemple type du "débat-mironton" qui non seulement n'apporte rien mais exaspère par les non-dits, les mensonges éhontés, les banalités et l'hypocrisie des paroles échangées mais aussi par la mauvaise foi de certains des participants ainsi, parfois, que leur culot d'acier.
A ce jeu là Dennis Olivennes, patron de "Libération" mérite la palme: Alors qu'il n'est pas ou peu sur la sellette il monopolise l'écran et le temps pour faire son panégyrique. Du grand art! Occuper le terrain, se glorifier, faire la pub de son journal et empêcher les autres de parler. Olivennes est un petit maître.

Les historiens des médias arrivent à peine à terminer une phrase, à aborder un aspect qu'ils sont interrompus par des avocats des 7 milliardaires qui se partagent les médias du pays. Oh, les 7 ne sont pas logés à la même enseigne, Bouygues est presque devenu "respectable" (il est loin le "temps de cerveau disponible pour Coca-Cola") et, malgré l'indigence crapuleuse de ses produits de presse n'essuie plus la critique. Le Figaro de Dassault, personne ne trouve à redire contre la Pravda de droite et ainsi de suite.

Le seul qui parvient à faire aboyer tout le plateau contre lui -en son absence, évidemment- est Vincent Bolloré qui, c'est un fait, ne fait rien pour calmer les fausses colères de ses confrères et analystes. Il est de droite, d'extrême-droite même, et se cache pas de vouloir la favoriser. On peut crier, mépriser, juger Bolloré: il n'en a que faire et n'est en aucun cas différent des autres. Dassault Figaro marche pour la droite ++ et accessoirement pour toutes les droites depuis plus de 100 ans. Qui le lui reproche?

On est dans ces débats faux-jeton qui ne débouchent sur rien et vous donnent envie de faire autre chose. Ainsi ai-je fait dès que mon seuil d'énervement était atteint.

J'ai pris le "Society" de la quinzaine qui titre: "Sommes nous de plus en plus cons" mais ai séché pour répondre.

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21 janvier 2022 5 21 /01 /janvier /2022 07:00

Je ne suis pas un "fan" transi du Président sortant mais je considère que, dans des conditions difficiles, il n'a pas démérité. Il a affronté les Gilets Jaunes, des adversaires coriaces parce que désespérés et peu enclins à réfléchir. Il a (à jute titre) déplu avec la suppression de l'ISF et la diminution des allocations-logement, Il a eu maille à partir avec des syndicats peu décidés à discuter dans le dossier de la réforme des retraites, il a eu -comme tous les présidents depuis Chirac- une presse et des médias peu décidés à le ménager, au contraire, et, last but not least, il a dû gérer la crise (non résolue à ce jour) de la Covid 19 avec ses rebondissements, les fantasmes qu'elle a fait naître, l'irréalisme de certains et l'ennui de tous. Pour un quinquennat, ça fait pas mal.

Son jeune âge, l'idée  qu'il se fait peut-être de lui-même, son parcours, son histoire et son physique ont généré, chez certains Français, une haine contre lui qui a non seulement fait penser à l'anti-Sarkozisme mais été de nature à encourager le geste d'un fou. On est passé un peu vite sur les dessins de guillotine et les menaces de mort le concernant. Je reconnais que, parfois, il s'exprimait trop librement, employait des termes inadéquats ("pognon de dingue", "je vais emmerder les anti-vax") et ce-faisant, augmentait l'incompréhension des Français. De certains Français.

Cependant s'il a commis quelques erreurs -surtout de communication- nul ne saurait lui reprocher du dilettantisme ou de la paresse: il consacre sa vie entière à ses tâches présidentielles, a œuvré sans compter son temps pour l'Europe et le monde, et a eu un parcours exemplaire en politique étrangère.

Notre pays est -c'est un de ses traits de caractère- un chaudron de passions contraires, souvent négatives. Le gouverner n'est pas aisé et beaucoup s'y sont cassé les dents. Nos antagonismes miment la guerre civile et viennent s'y ajouter ce que Macron qualifie de "passions tristes": le rejet de l'autre (racisme, antisémitisme), la jalousie, l'envie etc.

Dans ce contexte le quinquennat qui s'achève n'est pas honteux, loin de là. J'ai du mal à croire que les adversaires politiques d'Emmanuel Macron eussent fait mieux.

Dans ces conditions, je suis déterminé à le reconduire et donc à voter au premier comme au second tour pour lui, pour autant que son programme de la prochaine législature aille dans un sens qui me convienne.

Il reste trois mois au Président pour donner une réponse à la couverture et à l'article du "Point" de cette semaine: "Macron II, pour quoi faire?". D'ici là il peut se passer pas mal de choses et je crains ce qui viendra des camps Zemmour et Le Pen.

A propos de cette dernière le film de la campagne de 2017 "Le Candidat - Au cœur de la campagne d'Emmanuel Macron" de Yann L'Hénoret me rassurerait plutôt. Si l'incompétencce, l'impréparation et l'amateurisme de Marine Le Pen y sont flagrants la solidité du candidat Macron, ses intuitions, ses certitudes, sa logique font merveille. Son humour, sa jeunesse et son envie d'y aller sautent aux yeux.

"y'a plus qu'à"! mais ses ennemis regroupés, ses amis aussi parfois, la presse, Macron lui-même et l'inconstance des Français font qu'on n'est pas encore devant le premier deuxième quinquennat de suite. En clair Macron peut très bien être l'homme d'un seul mandat, comme ses deux prédécesseurs.

Aucun, aucune de ses concurrents ne me semble supérieur au Président sortant. C'est, pour moi, une certitude.

 

 

 

 

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20 janvier 2022 4 20 /01 /janvier /2022 07:00
De profundis ! (Ronnie Spector)
De profundis ! (Ronnie Spector)

By the way, j'ai appris le décès de la chanteuse américaine Ronnie Spector. Elle fut connue pour être convoitée par bon nombre de rock-stars des années 60-70 et même 80, pour avoir chanté le tube mondial "Be my Baby", pour son groupe féminin les Ronettes et, bien sur, pour avoir été un temps l'épouse légitime du cinglé d'anthologie Phil Spector, mort en 2021 en prison après avoir revolvérisé une groupie vieillissante.

S'il était un producteur musical proprement génial Spector était complètement maboul et la vie commune du couple regorge d'anecdotes toutes plus hallucinantes les unes que les autres. Leur mariage dura quatre ans et l'équilibre mental de la belle eut du mal à y survivre. (Le Journal "Libération" daté du 14 janvier 2022 donne des exemples du comportement dément de l'inventeur du "wall of sound" qui laissent songeur. Où il apparaît que la  renommée et la fortune se paient au prix fort). Dans n'importe quel pays et milieu l'homme -malgré son talent musical" aurait été interné en H.P et revêtu d'une camisole de force bien serrée.

Ronnie Spector, une fois débarrassée de son mari détraqué eut du mal à poursuivre une carrière de premier plan. Elle enregistra bien des titres que l'ex-Beatle George Harrison lui offrit (dont l'étonnant "try some, buy some") mais, contrairement à Tina Turner qui eut également affaire à un mari-cogneur et geôlier elle ne renoua que partiellement et épisodiquement avec le succès. Elle est décédée à 78 ans (78 ans!!!!!!!!!!!) et sa nécro reprise partout prouvait qu'elle n'était pas complètement oubliée. 

Sa voix particulière et sa beauté originale sont gages d'une pérennité dont je suis prêt à prendre le pari.

 

 

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 07:00

Comme -j'en ai conscience-  je me réfère trop souvent à la seconde guerre mondiale je vais, pour une fois, aborder la première qui, question barbarie, ne lui cèle en (presque) rien. 

Elle fut, on le sait, la dernière des Rois et Empereurs, des dynasties et des trônes et modela en partie l'Europe qui s'embrasa à nouveau en 1939 sur les instigations des dictateurs fascistes, Mussolini et Hitler.

Longue, extrêmement meurtrière, cruelle, s'en prenant aux civils, destructrice et totalement "inutile" (y en a t'il jamais eu une qui soit "utile"?) la guerre de 1914-1918 est une longue suite d'atrocités et de boucheries comme l'humanité en avait peu connues mais, hélas, qui en préfiguraient d'autres.

14-18 vit le premier génocide s'accomplir (les Arméniens en 1917), les massacres de masse (Verdun, la Somme, Le Chemin des Dames, la Marne, Ypres, Dixmude....), les tribunaux militaires tuant des soldats de leur propre nationalité "pour l'exemple", les offensives meurtrières inutiles pour gagner quelques mètres etc.

Les tanks, l'aviation et les mitrailleuses prenant le pouvoir. Destruction de villages et de villes, de cathédrales et de châteaux, usage des gaz et des armes chimiques, bourrage de crâne politique et militaire (la fameuse censure), hystérie cocardière, une jeunesse sacrifiée, le bilan est effroyable et la France ne s'est jamais remise de la saignée. Parallèlement la 1ère (comme la deuxième) a permis aux États Unis d'Amérique de devenir la première puissance mondiale.

Cette guerre fut si abominable qu'elle fit prospérer, sinon générer un pacifisme paralysant qui fut l'une des causes de mai 40 et de l'effondrement Français. Le Président Macron a récemment cité "l'étrange défaite" de Marc Bloch. On lira avec profit ce livre qui explique lumineusement mai 40 et la débâcle.

Où voulais-je en venir? ah. Oui. A ce film "Joyeux Noël" de Christian Caron sur la "fraternisation" de 1914 entre tranchées allemandes et françaises le soir de Noël. Un épisode très peu connu au point que beaucoup n'y ont pas cru à la sortie du film.

Il est vrai que cette partie de football entre ennemis, que ces chants, la musique et l'atmosphère de concorde à deux pas des lignes de barbelés et des cadavres du jour avait de quoi laisser surpris.

Le film ne m'a pas plu ni marqué. Mais son propos a fait son chemin et j'y ai repensé comme une preuve du caractère artificiel de la "haine" entre l'Allemagne et la France. On a fait croire des fables à un peuple de paysans, on a flatté leur patriotisme et décrété qu'ils avaient un ennemi héréditaire à détruire. On a parlé de revanche (sur la défaite de 1870) et promis que la guerre serait courte. Moyennant quoi c'est au cri de "à Berlin" que des milliers de jeunes gens sont allés se faire faucher à la mitrailleuse, aux obus ou au lance-flammes. Il n'empêche; après la dérouillée de 70, l'affreux conflit de 14-18 et celui de 39-45 on pouvait légitimement avoir une dent contre les Prussiens!

Les mutineries de 1917, les révoltes devant les assauts inutiles se transformant en tueries, la gabegie en matériel et chevaux, les conditions de vie dans les tranchées (le froid, la boue, les poux) ont été épouvantables et cela rend presque incroyable le peu de "réactions" des Français à l'avant comme à l'arrière.

On a focalisé sur "la chanson de Craonne" mais ce n'est pas son texte qui surprend c'est sa singularité.

De nos jours il serait plus difficile de pousser des jeunes gens de 20 ans vers les champs de bataille pour l'Archiduc Truc ou pour récupérer l'Alsace et une partie de la Lorraine!

 

 

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18 janvier 2022 2 18 /01 /janvier /2022 07:00

Il y a vingt-six ans Gérard décédait du sida le 18 du mois de janvier. Il avait trente-neuf ans. Sa mort survenait après une atroce agonie. Il avait affronté la maladie avec un courage réellement stupéfiant. On dit souvent ça mais là c'est la stricte vérité.

Jamais je n'oublierais ses obsèques au cimetière des Olives à Marseille. La colère froide de son père, la douleur absolue de son frère et la présence déserte de sa mère. Nous étions nombreux derrière le corbillard à l'ancienne et j'avais été désigné pour être l'un des porteurs du cercueil. Les sensations et les impressions se mélangeaient et j'étais acteur et spectateur de cet évènement: l'enterrement de mon ami de vingt ans.

Nos chemins avaient pris un tour différent lorsque mes enfants sont nés. Mes priorités n'étaient pas les siennes et il continuait à faire la fête quand je changeais les couches et soignais les bronchiolites. Naturellement nous continuions à nous voir et le fil n'a jamais été coupé.

Un jour il me demanda avec un ton que je ne lui connaissais pas de le retrouver au restaurant du Parc de la Villette à Paris. Il était tendu et emprunté. Il avait, de toute évidence, un message à me transmettre et ne savait comment s'y prendre.

Il me dit qu'il était séropositif au VIH ce qui, en 1990 signifiait qu'il était condamné à plus ou moins long terme.

J'ai vécu -de loin- sa descente aux enfers et son chemin de croix car c'est de cela qu'il s'agit. S'il ne souffrait pas trop physiquement, du moins au début, moralement c'était terrible. C'était un homme qui aimait la vie, qui s'intéressait à tout et qui était très entouré de divers cercles d'amis et de connaissances dont il était souvent l’élément moteur. L'organisateur de soirées, le catalyseur des bonnes ambiances.

Le sida faisait peur et sa révélation éloignait ses amis et relations. Pour de bonnes et moins bonnes raisons que l'on auto-justifiait (les enfants, le risque de contamination...) chacun trouvait en son for intérieur des justifications approximatives de l'éviter. Moi inclus.

Oui, moi inclus.

Entre-temps, en 1993, ma famille et moi nous étions installés durablement à Toulouse et l'éloignement s'aggrava. Je craignais que mes enfants s'alarment de sa dégradation physique rapide et spectaculaire et j'hésitais à leur imposer cette réalité difficile. De fait la dernière fois que nous le vîmes nous le trouvâmes si mal, physiquement, que sa fin était inscrite sur sa figure méconnaissable.

Bien que l'issue fatale de sa maladie soit inéluctable et prochaine je n'arrivais pas à l'envisager et ai été comme surpris lorsqu'un coup de fil très matinal me l'apprit.

Je n'assistais pas à la messe ni à la mise en bière qui eurent lieu à Paris mais j'étais à Marseille lorsque le transport des pompes funèbres arriva de Paris. Sa belle sœur annonça "le voilà" et, un centième de seconde je crus qu'il allait être là. Debout. Parmi nous.

 

 

 

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17 janvier 2022 1 17 /01 /janvier /2022 07:00
The Grudge. Un faux-air de feue Juliette Gréco.

The Grudge. Un faux-air de feue Juliette Gréco.

Je me demande parfois si le temps ne s'est pas arrêté dans notre beau pays. Passant devant une colonne Morris mon regard a été attiré par une affiche de cinéma au titre neu-neu. Elle signalait au passant la sortie imminente du 50ème film de Claude Lelouch.

Ici les vieilles gloires ne détalent que lorsque la camarde les rappelle. Annie Cordy, Danièle Darrieux, Suzy Delair et tant d'autres ne quittent l'affiche que pour le cimetière. Encore celui-ci ne nous protège t'il qu'un peu contre des hommages qui se poursuivent très longtemps post-mortem. On pourrait croire Serge Gainsbourg, Johnny Hallyday ou Claude François encore de ce monde tant ils restent présents dans les médias. J'ai même vu l'hologramme d'Adamo chanter.

Il faut signaler que beaucoup de ces trépassés font concurrence à des presque défunts et que les vieilles gloires encore vivantes "mettent le paquet" pour avoir encore l'air de respirer. Des momies chantantes, des agonisantes refaites de pied en cap continuent de squatter les écrans rappelant vaguement au spectateur que le bec de canard et les paupières tendues qui les affectent n'ont pas toujours été là.

Quand on voit une Marthe Keller ou une Françoise Hardy que nul scalpel ni injection de botox n'a atteinte on a de la peine pour leurs consœurs qui ressemblent au masque de Belphégor.

Et puisqu'on parle du fantôme du Louvre, ma fille appelait Juliette Gréco -paix à son âme- the grudge, du nom d'un personnage de film d'horreur.

Et Mesdemoiselles Deneuve, Baye, Vartan etc. n'ont plus d'expressions du visage depuis si longtemps qu'on s'est habitués à leurs visages ectoplasmiques.

Mais je reviens au sujet abordé au début de ce post. Gérard Lenormand, chanteur agaçant des années 70 est de retour. Le rire naturel de Serge Lama également. Nicoletta, en froid avec Mamy Blue est de nouveau invitée sur les plateaux de télévision. Michel Sardou qui n'a pu freiner le vieillissement et a fait appel au bistouri des chirurgiens esthétiques n'a pas figure humaine. On pense à l'avant d'une DS21 ou à une grenouille. Vous noterez que je n'ai pas dit crapaud.

Autre déconfiture "Capri c'est fini", titre sur lequel il a bâti sa vie n'a pas empêché Hervé Vilard* de ne plus ressembler à rien. Un flan vanille est ce à quoi il fait penser. Sheila, qui s'étonne encore et toujours que l'on ait fini par se lasser de ses couplets imbéciles s'est vengée sur elle-même, de sa disgrâce: C'est au tournevis et à la clé de 8 qu'elle a été remodelée.

Finalement j'en arrive à me demander si l'oubli absolu, le fameux "second linceul des morts" n'est pas le plus enviable. Montand, Béart, Reggiani, Moustaki, Barbara, Cora Vaucaire... sont provisoirement oubliés et c'est bien ainsi. Les entendre repris par Patrick Fiori, Abd-al-Malik ou Zaz serait une double peine.

Le cinéma international fonctionne ainsi également. Des comédiens magnifiques et des actrices splendides vivent un éternel purgatoire tandis que d'autres, sans qu'il soit question de talent, sont oubliés. Clint Eastwood a échappé à cette "malédiction".

Il n'est pas mort? ça doit jouer!

 

* ne sachant s'il lui fallait deux ou un seul "l", le correcteur d'orthographe m'a carrément proposé: "vicelard"!

 

 

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14 janvier 2022 5 14 /01 /janvier /2022 07:30

Je tiens l'écrivain, historien, journaliste et surtout le passionné de cinéma Michel Ciment pour un homme intéressant, cultivé, ouvert et objectif. J'aurais pu inclure beaucoup d'autres adjectifs à cette phrase d'introduction mais je la trouve déjà suffisamment laudative.

D'autant plus que je veux faire des reproches au pilier du "Masque et la Plume", des "Cahiers du Cinéma", de "Positif" et de tant d'autres supports où l'on dissèque un cinéma artistique, ambitieux et intelligent. En effet j'ai lu -en diagonale parce que le livre est trop pointu et s'adresse à un public presque captif- les entretiens avec N.T.Binh "Le cinéma en partage" parus en 2014 chez l'éditeur Rivages.

Je serais hypocrite si je taisais que j'ai pris ce livre pour y trouver du nouveau sur Stanley Kubrick, vieille passion/obsession chez moi que le temps ne parvient pas à éroder.

J'y ai -en partie- trouvé ce que je cherchais et plus encore. Ce qu'il dit de Francesco Rosi, de Joseph Losey et de Elia Kazan est très intéressant et donne envie de creuser le sujet. Il parle aussi, peu mais bien, de metteurs en scène qui m'intéressent tels John Boorman, Jerry Schatzberg, Théo Angelopolous et quelques autres. Il dit (et le contraire m'eut étonné) du bien de Joseph Mankiewicz et de Wilder mais passe trop rapidement sur ces prodigieux cinéastes.

J'ai moins apprécié le (trop) long développement sur les festivals et les remises de prix. Ces remises de trophées m'ennuient au plus haut point. Napoléon avait parfaitement résumé la chose en créant la légion d'honneur: "c'est avec des hochets qu'on  mène les hommes". Rien -à mes yeux- de plus barbant et de plus inutile que les Oscar et leur innombrable déclinaison.

En fait je reprocherai à ce livre et aux personnes qui y sont décrites leur élitisme et leur prétention . L'un ne va pas sans l'autre.

Malheur à qui n'aimera pas inconditionnellement ce qu'une certaine critique porte systématiquement aux nues. Des Godard et autres ont vécu plus de 60 ans sur un malentendu! Les ratiocinations sur "La nouvelle vague" ne me font même pas sourire. Elle s'est achevée dans la farce.

Heureusement le livre contient des passages éclairants et passionnants sur ce qu'est une interview, une critique, un article de presse par rapport à un passage radio etc.

Enfin, et je lui en suis reconnaissant, Michel Ciment parle bien d'un confrère (et concurrent!), Philippe Fraisse dont j'ai commandé le livre cité.

J'adore la chute du livre que je reproduis intégralement: "Michel Ciment, quel spectateur êtes-vous? Le cinéma disparaît, quelle serait la dernière image? Le champignon atomique et la chanson de Vera Lynn "We shall meet again on a sunny day", à la fin du "Docteur Folamour". La première utilisation géniale par Kubrick du contraste entre la musique et l'image qui allait marquer tout son cinéma".

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13 janvier 2022 4 13 /01 /janvier /2022 07:00

Il y a plus de cinq ans, en 2016, je disais ici même tout le mal que je pensais de Eric Zemmour dont personne, lui inclus, ne l'imaginait candidat à la Présidence de la République un jour et doté d'un capital de votes flirtant avec les 15% dans les sondages d'opinion. Je résiste (difficilement!) et ne me cite pas mais le bonhomme m'était déjà apparu comme un agitateur et un imposteur.

Nous sommes tellement gavés d'informations qu'il est possible qu'alors je répétais ce que j'avais entendu mais en mon for intérieur j'ai assez rapidement vu que l'Histoire selon Zemmour était tordue pour le bien de "sa" cause, qu'il l'arrangeait à sa sauce et qu'il était incapable de faire face à un vrai contradicteur.
Cela dit, déjà il y a six ans, les télévisions et les radios s'abstenaient de le mettre en face de contradicteurs.

J'en arrive à me dire qu'il existe, depuis quelques années, une sorte de "complot" visant à diffuser ses positions, ses idées, ses parti-pris et sa vision des choses. Pour cela on se sert de sa personnalité, de son habileté intellectuelle, de son culot (affirmer que Pétain a aidé les Juifs Français...) et de ce qui peut passer pour sa culture. Qu'importe s'il défend bec et ongles des thèses fausses et obscènes (la culpabilité du capitaine Dreyfus) il est ce que la télévision appelle "un bon client" et pour certains cyniques qui conchient la démocratie et la République un partenaire de poids.

On ne peut pas dire que le processus est nouveau: les médias ont, dans une certaine mesure, favorisé l'émergence de Jean-Marie Le Pen, au tournant des années 80, pour plusieurs (mauvaises) raisons: François Mitterrand souhaitait se servir de lui comme la droite s'était servie du Parti Communiste: comme d'un repoussoir avec lequel elle n'en finirait pas de se colleter (avouons que le piège a parfaitement fonctionné jusqu'à aujourd'hui!). Elles ont -jusqu'à la nausée- polémiqué et donné de la résonance à toutes les provocations du susdit. Et Dieu sait s'il y en a eu! elles ont souligné qu'il parlait bien (ses agressions était formulées dans un bon Français et il maniait bien le subjonctif). Ses audiences record faisaient entrer l'argent de la publicité dans les caisses.

Mais revenons à Zemmour. Je ne crois pas qu'il soit "d'ultra droite" ni même d'extrême-droite. C'est, c'est certain, un homme de droite, qui regrette la société bourgeoise de la fin du dix-neuvième et du début du vingtième siècle. L'armée, l’Église n'ont plus assez d'influence pour lui, la sexualité est trop libre et la société trop libérée. Il est resté bloqué au milieu des années 50. L'IVG le révulse, il ne comprend pas et n'admet pas plus le mariage entre personnes du même sexe, la libération de la femme est au mieux une erreur au pire une hérésie. Pour mener à bien son grand projet (unir TOUTES les droites, de Dupont-Aignan au Rassemblement National en incluant Les Républicains et arriver ainsi à 51% des suffrages).

Pour lui et ceux qui l'ont choisi La société devrait être proche des classes sociales britanniques immuables et le respect des convenances une obligation absolue. Ils regrettent le Général et tante Yvonne qui refusait les divorcés à sa table.

Tout ceci ne serait que monomanie si cela ne s'accompagnait d'idées dangereuses ("le grand remplacement"), d'obsessions (les Musulmans), d'amalgames (l'Islam) et d’œillères idéologiques. Sans oublier un goût de la chose armée inquiétant. 

Dangereux sans doute. Mais, espérons-le,  pas autant qu'on le dit tout en étant capable de faire beaucoup de dégâts dans un pays dépressif. Un "Trumpisme" hexagonal.

J'espère me tromper mais je vois sa candidature à la candidature comme un râteau qui permettra à Marine Le Pen d'arriver à ses fins cette fois-ci. 

 

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