Il faut, parfois, regarder en face la connerie, la jalousie et la méchanceté à front de taureau du peuple. Quand on lit la fin de la Monarchie en France entre 1791 et 1793 on a parfois peine à comprendre les tombereaux d'ordures versés sur les ci-devant Louis XVI et Marie-Antoinette. Aux yeux de la Révolution, c'est à dire de son point de vue, il ne fait aucun doute qu'ils étaient coupables l'un et l'autre, par le principe qu'ils représentaient et aussi par leur communication avérée avec l'ennemi. Etait-il nécessaire de leur infliger un véritable calvaire avant de les exécuter? je ne le pense pas. Mais j'ai compris le mécanisme qui, de leur représentation en porcs, en libertins obscènes, en dépensiers forcenés les déshumaniserait et permettrait plus tard de les guillotiner sans craindre qu'ils aient des défenseurs.
On connaît tous le sursaut de l'ex-souveraine lorsque le tribunal révolutionnaire l'accusa d'inceste avec son fils. son "J'en appelle à toutes les mères" était le cri indigné d'une personne outragée.
Pourquoi en suis-je venu à évoquer le fantôme de Trianon? parce que j'ai vu un parallèle entre la haine du peuple de 1789 et celle d'aujourd'hui dans un document sur Brigitte Macron diffusé sur BFM TV et qui m'a montré sans fard que les circonstances pourraient ranimer les mêmes excès, la haine meurtrière conduire à la même violence.
Brigitte Macron est la femme du 8ème Président de la V ème République. C'est tout. Elle n'a pas été élue et son rôle n'existe pas car la constitution de 1958 n'en dit rien. C'est une femme issue de la bourgeoisie aisée de province (région du Nord) qui a travaillé comme professeur de Français dans des établissements renommés. Elle s'y est distinguée par une réputation flatteuse et aussi pour avoir épousé un de ses élèves. L'affaire Gabrielle Russier n'a apparemment pas suffit à faire taire les imbéciles.
Cet élève surdoué est devenu ministre de François Hollande puis a été élu, en 2017, Président de la République à l'âge de 39 ans.
Son quinquennat n'a pas permis de résorber la fracture sociale et les antagonismes entre Français se sont au contraire développés jusqu'à l'irruption des "Gilets Jaunes", une jacquerie charriant le meilleur et le pire.
Le pire étant une haine incompréhensible et démesurée pour le Président et sa femme. Couple présidentiel abusivement comparé à celui de Louis XVI et Marie-Antoinette avant 1789.
Cette dernière étant la cible de mufleries incompréhensibles. Le Président savait à quoi il était exposé, pas elle. Des injures ordurières liées à son âge ou à son physique étaient brandies sur des panneaux. De quoi être gêné pour ces manifestants sans dignité. Le Président a été élu pour 5 ans, a une majorité électorale, respecte la Constitution, rend régulièrement compte de son action et, s'il est parfois maladroit dans son expression, n'est ni le Prince de Polignac ni le Comte d'Artois!
Ce qui m'a mis le plus mal à l'aise est la conjonction des insultes contre une femme venant aussi bien du peuple Français que de chefs d'état étrangers; Bolsonaro, mais aussi son ministre de l'économie, l'affreux Trump et d'autres ont fait des commentaires orduriers dignes d'une école primaire. Les slogans sur l'âge de Madame Macron, sur son apparence physique, sur le couple qu'elle forme avec le Président et sur ses origines sociales démontrent la fragilité de notre sens de la démocratie et indiquent un manque de maturité de la presse comme du peuple. Une immaturité politique doublée d'un infantilisme inquiétant.
Les "tricoteuses" des ronds-Points n'ont pas oublié la mort de Madame de Lamballe...
Mettre en parallèle la baisse de 5€, mesure gouvernementale, de l'allocation-logement et l'installation d'une piscine hors-sol pour 30000€ au fort de Brégançon est non seulement idiot mais complètement anachronique. "On" l'a démagogiquement reproché à Brigitte Macron.
Ce document, inutile et creux avait sans doute à cœur de rendre sympathique la "première dame de France" qui ne mérite assurément pas la cruauté verbale dont elle est la cible a, chez moi, atteint son but. Il m'a fait reprendre conscience que des forces mauvaises sont toujours à l’œuvre.
On aurait tort de les mésestimer.